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2 juin 2012 6 02 /06 /juin /2012 00:01

« Au commencement est la relation »

 

Homélie pour la fête de la TRINITÉ

03/06/2012

 

« Au commencement est la relation »

Ce mot d’un philosophe des sciences, Gaston Bachelard, situe bien l’enjeu de cette fête de la Trinité. 

Au commencement de Dieu lui-même (si j’ose dire !) est la relation.

En effet, c’est l’Esprit, vivante relation d’amour entre le Verbe et le Père qui constitue Dieu comme Dieu.

Chez nous les humains, un garçon devient d’abord un homme puis un père. Jésus nous a révélé qu’en Dieu c’est l’inverse : c’est parce qu’il est Père que le Père de Jésus est Dieu. Il n’est pas d’abord Dieu puis ensuite Père, à la manière humaine. C’est le fait de donner la vie à un autre, d’engendrer perpétuellement le Verbe, qui fait exister Dieu comme Dieu.

Comme l’écrivait le vieux St Thomas d’Aquin : « en Dieu, la relation est subsistante », c’est-à-dire : c’est le fait de se donner par amour à un autre qui donne sa consistance divine au Père.

 

D’ailleurs sans la Trinité, comment Dieu pourrait-il être amour ?

Aimer, c’est vivre une relation passionnée avec un autre.

S’il était solitaire, qui d’autre Dieu pourrait-il aimer avant le « commencement » ?

Vous voyez : il y a un lien très fort entre la Trinité et l’amour.

Nous sommes les seuls au monde à proclamer que Dieu est Amour en lui-même. Non pas seulement amour pour les hommes, comme le disent les juifs ou les musulmans, mais Amour en lui-même, « avant » toute création. Comme disait Maurice Zundel : « Dieu est amour parce qu’il trouve en soi l’Autre à qui se donner ».

Impossible si Dieu est solitaire !

Du coup, le but de la création apparaît très clairement trinitaire : Jésus nous révèle que l’Esprit de Dieu nous est donné pour entrer dans la relation d’intimité qui l’unit à son Père. Il s’agit ni plus ni moins que de devenir Dieu ! Ou plus exactement de laisser l’Esprit transformer toutes nos relations pour qu’elles deviennent trinitaires, c’est-à-dire des relations de communion, où l’on ne fait plus qu’un tout en restant deux, ou trois…

En termes spirituels, Maurice Zundel écrivait : « L’immense clarté de la Trinité, c’est que la vie de l’Esprit apparaît comme une virginité et une désappropriation totale, où l’on est soi dans un pur regard vers l’autre, et où on ne subit plus son être, parce qu’on l’assimile et le saisit en se donnant ».

 

Parce que nous sommes créés à l’image de Dieu qui est Dieu, alors nous sommes faits pour la relation. Traduisez en termes plus concrets : la solitude n’est pas divine, donc elle n’est pas humaine. Nous sommes appelés à rompre ces mauvaises solitudes qui isolent, ces enfermements qui cassent toute relation.

Rester en relation, même avec des amis qu’on ne voit pas souvent, même avec des frères et sœurs dispersés dans toute la France et au-delà, même avec des voisins parfois pénibles, même avec le père ou la mère de ses enfants après un divorce, même avec un fils, une fille qui a claqué la porte…

Dieu que c’est dur parfois de garder des relations vivantes !

Et pourtant nous sentons que nous sommes faits pour cela : être liés, reliés, alliés les uns aux autres.

Le Père Cantalamessa décrivait ainsi l’école de relation qu’est pour nous la Trinité :

« La théologie s'est servie du terme nature, ou substance pour indiquer en Dieu l'unité, et du terme personne, pour indiquer la distinction. C'est pour cela que nous disons que notre Dieu est un Dieu unique en trois personnes. La doctrine chrétienne de la Trinité n'est pas une régression, un compromis entre le monothéisme et le polythéisme. Elle est au contraire un pas en avant que seul Dieu pouvait faire accomplir à l'esprit humain.

La contemplation de la Trinité peut avoir un impact précieux sur notre vie humaine. Elle est un mystère de relation. Les personnes divines sont en effet définies par la théologie « relations subsistantes ». Cela signifie que les personnes divines n'ont pas de relations, mais sont des relations. Nous, les êtres humains, nous avons des relations - de fils à père, de femme à mari, etc. - , mais nous ne finissons pas dans ces relations ; nous existons également en dehors d'elles et sans elles. Il n'en est pas ainsi du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Nous le savons, le bonheur et le malheur sur terre dépendent dans une large mesure de la qualité de nos relations. La Trinité nous révèle le secret pour avoir de bonnes relations. Ce qui rend une relation belle, libre et gratifiante, c'est l'amour dans ses diverses expressions. On voit ici combien il est important que Dieu soit vu tout d'abord comme amour et non comme pouvoir : l'amour donne, le pouvoir domine. Ce qui empoisonne une relation c'est de vouloir dominer l'autre, le posséder, l'instrumentaliser, au lieu de l'accueillir et de se donner. »

 

« Au commencement est la relation » : les scientifiques le découvrent davantage à chaque progrès de la physique notamment. C’est l’interaction entre 2 particules qui fait exister chacune, à tel point que la relativité générale nous redit à sa manière : tout est relation, et c’est la relation qui nous façonne.

         Notre relation à l’univers (où l’on retrouve l’écologie).

         Notre relation à nous-même, (où l’on retrouve l’intériorité).

         Notre relation aux autres (où l’on retrouve la fraternité).

         Notre relation à Dieu (qui est la source de toutes les autres).

Sommes-nous vraiment des êtres relationnels dans notre manière de vivre ?

Quelles sont les relations qui influent notre personnalité ?

Les parents mettent bien en garde leurs enfants sur « les mauvaises relations » qu’ils peuvent avoir : mais nous ?...

En contemplant Jésus qui se reçoit sans cesse de son Père, et qui ne veut exister sans lui ni hors de lui, en admirant ce Père qui sans cesse donne sa vie et son Amour à ceux qu’il engendre en son Fils, en laissant l’Esprit nous unir à Dieu, nous faire entrer dans l’intimité qui unit Jésus à son Père, nous pouvons deviner que toutes nos relations, familiales, amicales, professionnelles et autres vont être transformées à l’image des relations trinitaires.

« Par Lui, avec Lui et en Lui, à Toi Dieu le Père Tout-Puissant, dans l’unité du Saint Esprit... » : le point d’orgue (trinitaire) de la prière eucharistique en dit bien l’enjeu : il s’agit, en faisant Corps avec le Christ, d’entrer dans l’unité qui le relie au Père, et c’est l’Esprit qui est le lien vivant de cette unité.

 

 

 

Ne plus s’appartenir, vivre pour les autres, et en même temps être réconcilié avec soi grâce au regard de l’autre …. : la Trinité, c’est vraiment une manière de vivre comme Dieu, en attendant de le vivre en Dieu totalement. Car, si « au commencement est la relation », au terme de l’histoire sera également la relation. Lorsque « Dieu sera tout en tous », nous participerons pleinement à cet échange trinitaire où chacun devient lui-même en étant tendu vers un autre, par amour.

De temps en temps, cela nous arrive de frôler cette intensité relationnelle trinitaire : par l’amitié, la musique, la solidarité, la communion des corps et des cœurs.

Alors nous percevons que nous sommes faits pour la relation, parce que en définitive nous sommes des êtres trinitaires.

Puissions-nous voir autrement toutes nos relations actuelles, grâce à cette fabuleuse perspective trinitaire…

 

1ère lecture : Notre Dieu est le Dieu unique (Dt 4,32-34.39-40)

Lecture du livre du Deutéronome

Moïse disait au peuple d’Israël : « Interroge les temps anciens qui t'ont précédé, depuis le jour où Dieu créa l'homme sur la terre : d'un bout du monde à l'autre, est-il arrivé quelque chose d'aussi grand, a-t-on jamais connu rien de pareil ? Est-il un peuple qui ait entendu comme toi la voix de Dieu parlant du milieu de la flamme, et qui soit resté en vie ? Est-il un dieu qui ait entrepris de se choisir une nation, de venir la prendre au milieu d'une autre, à travers des épreuves, des signes, des prodiges et des combats, par la force de sa main et la vigueur de son bras, et par des exploits terrifiants — comme tu as vu le Seigneur ton Dieu le faire pour toi en Égypte ? Sache donc aujourd'hui, et médite cela dans ton cœur : le Seigneur est Dieu, là-haut dans le ciel comme ici-bas sur la terre, et il n'y en a pas d'autre. Tu garderas tous les jours les commandements et les ordres du Seigneur que je te donne aujourd'hui, afin d'avoir, toi et tes fils, bonheur et longue vie sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu. »

 

Psaume : 32, 4-5, 6.9, 18.20, 21-22

R/ Bienheureux le peuple de Dieu !

Oui, elle est droite, la parole du Seigneur ; 
il est fidèle en tout ce qu'il fait. 
Il aime le bon droit et la justice ; 
la terre est remplie de son amour. 

Le Seigneur a fait les cieux par sa parole, 
l'univers, par le souffle de sa bouche. 
Il parla, et ce qu'il dit exista ; 
il commanda, et ce qu'il dit survint. 

Dieu veille sur ceux qui le craignent, 
qui mettent leur espoir en son amour.
Nous attendons notre vie du Seigneur : 
il est pour nous un appui, un bouclier. 

La joie de notre cœur vient de lui, 
notre confiance est dans son nom très saint. 
Que ton amour, Seigneur, soit sur nous, 
comme notre espoir est en toi !

 

2ème lecture : Notre adoption filiale dans l’Esprit Saint (Rm 8, 14-17)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains

Frères, ceux qui se laissent conduire par l'Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. L'Esprit que vous avez reçu ne fait pas de vous des esclaves, des gens qui ont encore peur ; c'est un Esprit qui fait de vous des fils ; poussés par cet Esprit, nous crions vers le Père en l'appelant : « Abba ! » C'est donc l'Esprit Saint lui-même qui affirme à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Puisque nous sommes ses enfants, nous sommes aussi ses héritiers ; héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ, si nous souffrons avec lui pour être avec lui dans la gloire.

 

Evangile : Le baptême au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit (Mt 28, 16-20)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit : au Dieu qui est, qui était et qui vient ! Alléluia. (cf. Ap 1, 8)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Au temps de Pâques, les onze disciples s'en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre.
Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes.
Jésus s'approcha d'eux et leur adressa ces paroles : « Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ; et apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde. »

Patrick Braud

 

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Published by L'homélie du dimanche

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