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2 mai 2014 5 02 /05 /mai /2014 00:01

 

Homélie du 3ème Dimanche de Pâques – Année A
04/05/2014

 

 

Frère Henry Quinson est un moine d’un type nouveau : habitant à 4 dans un HLM des quartiers nord de Marseille, il vit au contact des musulmans et des comoriens, majoritaires dans cette cité Saint Paul. Il raconte qu’après le tremblement de terre en Algérie, l’un des frères vivant dans la banlieue d’Alger (Boudouaou) a vu sa maison s’écrouler, en ruines. Aussitôt et pendant toute une année, ses voisins, musulmans, l’ont hébergé, logé, nourri. L’hospitalité n’est pas un mot vide en Algérie comme d’ailleurs en Afrique ou même chez nous.

Évidement chez nous, depuis qu’il y a des codes pour entrer dans les immeubles, des grilles fermées, et des voisins qui se méfient les uns des autres c’est plus difficile ! C’est moins naturel d’ouvrir sa porte, d’inviter à sa table des inconnus, d’offrir un toit à des gens de passage. Pourtant cela se pratique encore : pensez aux échanges scolaires, aux jumelages… et Frère Henry Quinson raconte tous ces liens d’hospitalité qui se vivent dans sa cité HLM : échanges de gâteaux, de chorbas, de couscous, visites et entraides…

 

Pourrions-nous oublier que l’hospitalité est une attitude du cœur typiquement biblique ? (depuis la fameuse 'philoxénie' d'Abraham = son amour des étrangers, comme en témoigne l'accueil des 3 visiteurs de Gn 18; et d'ailleurs 'philoxénie' est le contraire de 'xénophobie'...)


 

Avons-nous bien entendu que c’est grâce à l’hospitalité, pressante nous dit le texte, que les disciples d’Emmaüs ont pu reconnaître et accueillir le Ressuscité ?

Saint Grégoire le Grand (Pape de 590 à 604) commente :

« Ils l’invitèrent à partager leur gîte, comme on le fait avec un voyageur. Dirons-nous simplement qu’ils l’invitèrent ? L’Écriture, précise qu’ils le pressèrent. Elle nous montre par cet exemple que lorsque nous invitons des étrangers sous notre toit, notre invitation doit être pressante ».

 

Et Grégoire insiste sur la fécondité de l’hospitalité, cette ouverture de la maison familiale à l’image de l’ouverture du cœur :

« Le Seigneur n’a pas été reconnu (par les deux disciples d’Emmaüs) pendant qu’il parlait ; il a daigné se manifester lorsqu’on lui offrit à manger. Aimons donc l’hospitalité, frères très chers. C’est d’elle que Paul nous parle : ‘N’oubliez pas l’hospitalité, c’est grâce à elle que quelques uns, à leur insu,  hébergèrent des anges’ (He 13,2). Pierre dit aussi : ‘Pratiquez l’hospitalité les uns envers les autres sans murmurer’ (1P 4,9). Et la vérité elle-même (le Christ) nous en parle : ‘J’étais un étranger et vous m’avez accueilli ? (Mt 25,35)’.

Et malgré cela, nous sommes si paresseux devant la grâce de l’hospitalité ! » s’étonnait Grégoire le Grand hier comme il pourrait le faire aujourd’hui.

« Mesurons, mes frères, la grandeur de cette vertu. Recevez le Christ présent dans l’étranger, afin qu’au jugement il ne nous ignore pas comme des étrangers, mais nous reçoive comme des frères dans son royaume ».

 

Il fallait citer longuement Grégoire le Grand pour redécouvrir le lien entre les disciples d’Emmaüs et l’hospitalité dans nos maisons aujourd’hui.

 

Où en sommes-nous de cet accueil gratuit chez nous ?

À qui ouvrons-nous notre table ? Qui invitons-nous à dormir, à loger sous notre toit ?  

 

Celui qui élargit ainsi l’espace de sa maison élargit en même temps ses horizons, sa soif de l’autre, son désir de la rencontre imprévue.

L’évangile de ce Dimanche nous dit même que c’est le Ressuscité en personne qui peut alors se manifester, être accueilli, lorsque nous pratiquons l’hospitalité.

Voilà une belle résolution pour le temps pascal, en famille ou tout seul : quel hôte de passage puis-je nourrir, accueillir, inviter chez moi ? Les amis des enfants ? Un enfant du Secours Catholique qui cherche une famille d’accueil pour les vacances d’été ? Une personne âgée seule chez elle ? Un touriste de passage ?... Un voisin encore inconnu ?

Comment pratiquer plus généreusement l’hospitalité ?

Vos enfants vous remercieront plus tard d’avoir eu une maison ouverte sur les autres…

 

Et surtout, vous pouvez peut-être « héberger des anges » sans le savoir, comme le dit justement saint Paul.

Vous pourrez même ouvrir les yeux sur la présence du Ressuscité, grâce à l’hospitalité, celle des disciples d’Emmaüs.


Saint Augustin ('maghrebin' des années 354-430) osait écrire à propos de cet évangile :

« Retiens l’étranger si tu veux connaître ton Sauveur ».

C’est bien parce que les disciples ont retenu à manger cet étranger de passage qu’ils ont reconnu le vivant.

« L’hospitalité leur a rendu ce que le doute leur avait pris ».

 

« Pratiquez donc l’hospitalité, sans murmurer » (St Pierre), comme à Emmaüs.

Ceux que vous accueillerez à votre table vous accueilleront auprès de Dieu.

Ceux que vous aurez logés vous introduiront dans la demeure de Dieu.

 

Et déjà, vous verrez votre regard, votre coeur se dilater jusqu’à des horizons insoupçonnés...

 

 

 

 

1ère lecture : Pierre annonce le Christ ressuscité (Ac 2, 14.22b-33)

Lecture du livre des Actes des Apôtres

Le jour de la Pentecôte, Pierre, debout avec les onze autres Apôtres, prit la parole ; il dit d'une voix forte : « Habitants de la Judée, et vous tous qui séjournez à Jérusalem, comprenez ce qui se passe aujourd'hui, écoutez bien ce que je vais vous dire.
Il s'agit de Jésus le Nazaréen, cet homme dont Dieu avait fait connaître la mission en accomplissant par lui des miracles, des prodiges et des signes au milieu de vous, comme vous le savez bien.
Cet homme, livré selon le plan et la volonté de Dieu, vous l'avez fait mourir en le faisant clouer à la croix par la main des païens.
Or, Dieu l'a ressuscité en mettant fin aux douleurs de la mort, car il n'était pas possible qu'elle le retienne en son pouvoir.
En effet, c'est de lui que parle le psaume de David : Je regardais le Seigneur sans relâche, s'il est à mon côté, je ne tombe pas.
Oui, mon cœur est dans l'allégresse, ma langue chante de joie ; ma chair elle-même reposera dans l'espérance :
tu ne peux pas m'abandonner à la mort ni laisser ton fidèle connaître la corruption.
Tu m'as montré le chemin de la vie, tu me rempliras d'allégresse par ta présence.
Frères, au sujet de David notre père, on peut vous dire avec assurance qu'il est mort, qu'il a été enterré, et que son tombeau est encore aujourd'hui chez nous.
Mais il était prophète, il savait que Dieu lui avait juré de faire asseoir sur son trône un de ses descendants.
Il a vu d'avance la résurrection du Christ, dont il a parlé ainsi : Il n'a pas été abandonné à la mort, et sa chair n'a pas connu la corruption.
Ce Jésus, Dieu l'a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins.
Élevé dans la gloire par la puissance de Dieu, il a reçu de son Père l'Esprit Saint qui était promis, et il l'a répandu sur nous : c'est cela que vous voyez et que vous entendez. »

 

Psaume : Ps 15, 1-2a.5, 7-8, 9-10, 2b.11

R/ Tu m'as montré, Seigneur, le chemin de la vie.

Garde-moi, mon Dieu : j'ai fait de toi mon refuge.
J'ai dit au Seigneur : « Tu es mon Dieu ! 
Seigneur, mon partage et ma coupe :
de toi dépend mon sort. » 

Je bénis le Seigneur qui me conseille : 
même la nuit mon cœur m'avertit. 
Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ; 
il est à ma droite : je suis inébranlable. 

Mon cœur exulte, mon âme est en fête, 
ma chair elle-même repose en confiance : 
tu ne peux m'abandonner à la mort 
ni laisser ton ami voir la corruption. 

Je n'ai pas d'autre bonheur que toi.
Tu m'apprends le chemin de la vie : 
devant ta face, débordement de joie ! 
À ta droite, éternité de délices !

 

2ème lecture : Le Christ ressuscité donne à notre vie son vrai sens (1 P 1, 17-21)

Lecture de la première lettre de saint Pierre Apôtre

Frères, 
vous invoquez comme votre Père celui qui ne fait pas de différence entre les hommes, mais qui les juge chacun d'après ses actes ; vivez donc, pendant votre séjour sur terre, dans la crainte de Dieu.
Vous le savez : ce qui vous a libérés de la vie sans but que vous meniez à la suite de vos pères, ce n'est pas l'or et l'argent, car ils seront détruits ; c'est le sang précieux du Christ, l'Agneau sans défaut et sans tache.
Dieu l'avait choisi dès avant la création du monde, et il l'a manifesté à cause de vous, en ces temps qui sont les derniers.
C'est par lui que vous croyez en Dieu, qui l'a ressuscité d'entre les morts et lui a donné la gloire ; ainsi vous mettez votre foi et votre espérance en Dieu.

 

Evangile : Apparition aux disciples d'Emmaüs (Lc 24, 13-35)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Seigneur Jésus, fais-nous comprendre les Écritures ! Que notre cœur devienne brûlant tandis que tu nous parles. Alléluia. (cf. Lc 24, 32)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Le troisième jour après la mort de Jésus, deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient ensemble de tout ce qui s'était passé.

Or, tandis qu'ils parlaient et discutaient, Jésus lui-même s'approcha, et il marchait avec eux. Mais leurs yeux étaient aveuglés, et ils ne le reconnaissaient pas.
Jésus leur dit : « De quoi causiez-vous donc, tout en marchant ? » Alors, ils s'arrêtèrent, tout tristes.
L'un des deux, nommé Cléophas, répondit : « Tu es bien le seul de tous ceux qui étaient à Jérusalem à ignorer les événements de ces jours-ci. »
Il leur dit : « Quels événements ? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth : cet homme était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple. Les chefs des prêtres et nos dirigeants l'ont livré, ils l'ont fait condamner à mort et ils l'ont crucifié.
Et nous qui espérions qu'il serait le libérateur d'Israël ! Avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c'est arrivé.
À vrai dire, nous avons été bouleversés par quelques femmes de notre groupe. Elles sont allées au tombeau de très bonne heure, et elles n'ont pas trouvé son corps ; elles sont même venues nous dire qu'elles avaient eu une apparition : des anges, qui disaient qu'il est vivant.
Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l'avaient dit ; mais lui, ils ne l'ont pas vu. »
Il leur dit alors : « Vous n'avez donc pas compris ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce qu'ont dit les prophètes !
Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire ? »
Et, en partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur expliqua, dans toute l'Écriture, ce qui le concernait.
Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d'aller plus loin.
Mais ils s'efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous : le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux.

Quand il fut à table avec eux, il prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna.
Alors leurs yeux s'ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards.
Alors ils se dirent l'un à l'autre : « Notre cœur n'était-il pas brûlant en nous, tandis qu'il nous parlait sur la route, et qu'il nous faisait comprendre les Écritures ? »
À l'instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent :
« C'est vrai ! le Seigneur est ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. »
À leur tour, ils racontaient ce qui s'était passé sur la route, et comment ils l'avaient reconnu quand il avait rompu le pain.
Patrick Braud

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Published by L'homélie du dimanche

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