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29 septembre 2012 6 29 /09 /septembre /2012 00:01
Contre tout sectarisme

 

Homélie du 26e Dimanche ordinaire

Année B 30/09/2012

 

Les sectaires ne sont pas toujours là où l’on pense

Imaginez un mormon à la Maison-Blanche ! Pour beaucoup d'Américains d'origine protestante (les WASP = white anglo saxon protestant), cette idée a quelque chose de très choquant. La candidature de Mitt Romney mettant en scène cette éventualité, ils vont partout clamant que l'Église de Jésus-Christ des Saints des derniers jours (les mormons) est une secte ; qu'ils pratiquaient la polygamie jusqu'au XIXe siècle ; qu'ils ont l'argent facile et facilement corrompu (cf. les jeux olympiques de Salt Lake City), et que leurs groupes religieux n'a rien de chrétien en définitive.

On entend dans leurs critiques l’écho de l'indignation qu'avait suscitée l'élection du très catholique John Fitzgerald Kennedy - être catholique est à un handicap aux yeux des WASP - ou de cet "homme de couleur" qu’est Barak Obama (dont on a utilisé le prénom pour faire croire qu'il est musulman !).

 

Bref, le sectarisme religieux (avec ici ses conséquences politiques) est aussi vivace à notre époque qu'au temps de Jésus ou de Moïse. L'épisode de Eldad et Médad prophétisants dans le désert sans faire partie des 70 « officiels » avait déjà manifesté que le sectarisme ronge Israël dès ses débuts, comme tout peuple. Heureusement, Moïse avait vertement tancé les jaloux qui voulaient se garder pour eux l'effusion de l'Esprit : « Serais-tu jaloux pour moi ? Ah ! Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux, pour faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! ».

Au passage, c'est bien la jalousie qui est à la racine du sectarisme, qu'il soit religieux, politique ou autre. Au lieu de se réjouir que Dieu se donne au-delà des frontières visibles d'Israël ou d'une Église chrétienne, la jalousie suscite le soupçon, le rejet, la fermeture d'esprit.

 

Le même sectarisme travaille le coeur de Jean - le magnifique, le si noble saint Jean l'évangéliste ! - : il veut empêcher ceux qui ne font pas partie de son groupe de pratiquer des exorcismes au nom de Jésus. Un peu comme si les catholiques voulaient dénier aux évangéliques le droit d'imposer les mains au nom du Christ, ou comme si des baptistes refusaient aux catholiques la vérité des baptêmes des petits-enfants... (ce qui hélas arrive trop souvent)

 

« Ne l'empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ; celui qui n'est pas contre nous est pour nous » : la règle énoncée par le Christ devrait régir les relations entre Églises chrétiennes. L'oecuménisme qui a porté le concile Vatican II est presque allé jusque-là. Au lieu de préconiser « la conversion des hérétiques » (les intégristes en sont toujours là), l'Église catholique reconnaît maintenant officiellement qu'il y a bien des germes de vérité et de sanctification dans les autres Églises. Elle prône non pas « un oecuménisme du retour », mais une « diversité réconciliée ». Les accords de Balamand  en 1993 l’engagent officiellement et irréversiblement sur cette voie.

10. Progressivement, l’action missionnaire tendit à inscrire parmi ses priorités l’effort de conversion des autres chrétiens, individuellement ou en groupe, pour les faire «retourner» à sa propre Église. Pour légitimer cette tendance, source de prosélytisme, l’Église catholique développa la vision théologique selon laquelle elle se présentait elle-même comme l’unique dépositaire de salut. Par réaction, l’Église orthodoxe, à son tour, en vint à épouser la même vision selon laquelle chez elle seule se trouvait le salut. Pour assurer le salut des «frères séparés», il arrivait même qu’on rebaptisât des chrétiens, et qu’on oubliât les exigences de la liberté religieuse des personnes et de leur acte de foi, perspective à laquelle l’époque était peu sensible. 

11. D’un autre côté, certaines autorités civiles ont fait des tentatives pour ramener des catholiques orientaux dans l’Église de leurs pères. À cette fin, elles n’hésitaient pas, si l’occasion s’en présentait, à utiliser des moyens inacceptables. 

12. À cause de la manière dont catholiques et orthodoxes se considèrent à nouveau dans leur rapport au mystère de l’Église et se redécouvrent comme Églises sœurs, cette forme «d’apostolat missionnaire», décrite ci-dessus, et qui a été appelée «uniatisme», ne peut plus être acceptée ni en tant que méthode à suivre, ni en tant que modèle de l’unité recherchée par nos l’Églises. 

13. En effet, surtout depuis les conférences pan-orthodoxes et le deuxième Concile du Vatican, la redécouverte et la remise en valeur tant par les orthodoxes que par les catholiques, de l’Église comme communion, ont changé radicalement les perspectives et donc les attitudes.

De part et d’autre, on reconnaît que ce que le Christ a confié à son Église — profession de la foi apostolique, participation aux mêmes sacrements, surtout à l’unique sacerdoce célébrant l’unique sacrifice du Christ, succession apostolique des évêques — ne peut être considéré comme la propriété exclusive d’une de nos Églises. Dans ce contexte, il est évident que tout re-baptême est exclu. 

14. C’est la raison pour laquelle l’Église catholique et l’Église orthodoxe se reconnaissent mutuellement comme Églises sœurs, responsables ensemble du maintien de l’Église de Dieu dans la fidélité au dessein divin, tout spécialement en ce qui concerne l’unité. Selon les paroles du Pape Jean-Paul II, l’effort œcuménique des Églises sœurs d’Orient et d’Occident, fondé dans le dialogue et la prière, recherche une communion parfaite et totale qui ne soit ni absorption ni fusion, mais rencontre dans la vérité et l’amour (cf. Slavorum Apostolin. 27). 

Quelle est la différence entre les deux ?

Justement le sectarisme dénoncé par Jésus.

Au lieu de vouloir que les orthodoxes « retournent » dans le patriarcat romain (ce qui est une erreur historique, car Constantinople dès le début était la nouvelle Rome pour les byzantins), l'Église catholique romaine accepte que les orthodoxes aient leurs propres traditions, liturgies, disciplines ecclésiastiques (ordination d'hommes mariés par exemple) sans y voir une contradiction avec ses propres choix. L'important est d'accepter la diversité, en vérifiant ensemble que cette diversité peut être comprise par l'autre et ne dévalorise pas sa propre manière de croire.

 

Ça, c’est pour le sectarisme au sommet. Mais cette diable de jalousie se niche à tous les étages de notre vie.

Le sectarisme au travail, c'est l'attitude navrante de ceux pour qui seuls les titres, les diplômes, les réseaux ou les grades sont garants de la valeur de chacun.

Le sectarisme dans une association, c'est la volonté de garder ses prérogatives de petit chef (ex : c'est à moi de faire les comptes ou d'organiser ce voyage, pas à lui !), et la fierté débordante d'appartenir au meilleur groupe qui soit.

Le sectarisme dans un quartier, c'est l'arrogance des natifs ou des vieux habitants qui ont du mal à accepter l'arrivée et les suggestions des nouveaux.

Le sectarisme en famille, c'est un certain mépris ou indifférence pour les pièces rapportées (on préfère du coup dire : « valeurs ajoutées » dans ma famille...), et un manque d'humilité flagrant pour admettre les limites du clan familial.

 

On peut continuer la liste !

L'important est de se souvenir du diagnostic de Moïse : « Serais-tu jaloux pour moi ? » et de l'antidote de Jésus : « Ne l'empêchez pas (…) celui qui n'est pas contre nous est pour nous ».

 

Le sectarisme s'enracine dans la jalousie et se guérit dans la louange.

Savoir s'émerveiller de ce que les autres font, de ce que Dieu fait en eux ; admirer la générosité de Dieu qui n'est pas prisonnier des labels rouges, des marques déposées et autres appellations contrôlées : voilà une pauvreté en esprit qui se réjouit de la richesse de l'autre !

 

Au sommet des Églises, le pape Paul VI et le patriarche Athénagoras nous avaient déjà donné un signe éblouissant : la levée mutuelle des excommunications entre orthodoxes et catholiques en 1965, le baiser fraternel entre les deux ennemis d'hier, l'humble agenouillement de Paul VI devant Athénagoras, tout cela avait bouleversé le coeur de tous, et tracé le seul vrai chemin de réconciliation : la louange pour la richesse de l'autre, et non la jalousie du sectarisme.

 

Puissions nous en inspirer chaque fois que reviendra en nous la tentation de ce murmure scandalisé : « mais il n'est pas des nôtres celui-là ! »

 

 


[1]. Cf. « L’uniatisme, méthode d’union du passé, et la recherche actuelle de la pleine communion », Déclaration de Balamand (Liban), 23 Juin 1993, 

http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/chrstuni/ch_orthodox_docs/rc_pc_chrstuni_doc_19930624_lebanon_fr.html 

 

 

1ère lecture : L'Esprit de Dieu souffle où il veut (Nb 11, 25-29)

Lecture du livre des Nombres

Le Seigneur descendit dans la nuée pour s'entretenir avec Moïse. Il prit une part de l'esprit qui reposait sur celui-ci, et le mit sur les soixante-dix anciens du peuple. Dès que l'esprit reposa sur eux, ils se mirent à prophétiser, mais cela ne dura pas.

Or, deux hommes étaient restés dans le camp ; l'un s'appelait Eldad, et l'autre Médad. L'esprit reposa sur eux ; bien que n'étant pas venus à la tente de la Rencontre, ils comptaient parmi les anciens qui avaient été choisis, et c'est dans le camp qu'ils se mirent à prophétiser.
Un jeune homme courut annoncer à Moïse : « Eldad et Médad prophétisent dans le camp ! »
Josué, fils de Noun, serviteur de Moïse depuis sa jeunesse, prit la parole : « Moïse, mon maître, arrête-les ! »
Mais Moïse lui dit : « Serais-tu jaloux pour moi ? Ah ! Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux, pour faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! »

 

Psaume : 18, 8, 10, 12-13, 14

R/ La loi du Seigneur est joie pour le cœur.

 

La loi du Seigneur est parfaite, 
qui redonne vie ; 
la charte du Seigneur est sûre, 
qui rend sages les simples.

La crainte qu'il inspire est pure, 
elle est là pour toujours ; 
les décisions du Seigneur sont justes 
et vraiment équitables.

Aussi ton serviteur en est illuminé ;
à les garder, il trouve son profit. 
Qui peut discerner ses erreurs ? 
Purifie-moi de celles qui m'échappent.

Préserve aussi ton serviteur de l'orgueil : 
qu'il n'ait sur moi aucune emprise. 
Alors je serai sans reproche, 
pur d'un grand péché.

 

2ème lecture : Contre la richesse (Jc 5, 1-6)

Lecture de la lettre de saint Jacques

Écoutez-moi, vous, les gens riches ! Pleurez, lamentez-vous, car des malheurs vous attendent.
Vos richesses sont pourries, vos vêtements sont mangés des mites, votre or et votre argent sont rouillés. Cette rouille vous accusera, elle dévorera vos chairs comme un feu. Vous avez amassé de l'argent, alors que nous sommes dans les derniers temps !
Des travailleurs ont moissonné vos terres, et vous ne les avez pas payés ; leur salaire crie vengeance, et les revendications des moissonneurs sont arrivées aux oreilles du Seigneur de l'univers.
Vous avez recherché sur terre le plaisir et le luxe, et vous avez fait bombance pendant qu'on massacrait des gens.
Vous avez condamné le juste et vous l'avez tué, sans qu'il vous résiste.

 

Evangile : Contre le sectarisme et contre le scandale (Mc 9, 38-43.45.47-48)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Ta parole, Seigneur, est vérité : dans cette vérité, consacre-nous. Alléluia. (cf. Jn 17, 17)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

Jean, l'un des Douze, disait à Jésus : « Maître, nous avons vu quelqu'un chasser des esprits mauvais en ton nom ; nous avons voulu l'en empêcher, car il n'est pas de ceux qui nous suivent. »
Jésus répondit : « Ne l'empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ; celui qui n'est pas contre nous est pour nous.
Et celui qui vous donnera un verre d'eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense.
Celui qui entraînera la chute d'un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu'on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu'on le jette à la mer.
Et si ta main t'entraîne au péché, coupe-la. Il vaut mieux entrer manchot dans la vie éternelle que d'être jeté avec tes deux mains dans la géhenne, là où le feu ne s'éteint pas.
Si ton pied t'entraîne au péché, coupe-le. Il vaut mieux entrer estropié dans la vie éternelle que d'être jeté avec tes deux pieds dans la géhenne.
Si ton œil t'entraîne au péché, arrache-le. Il vaut mieux entrer borgne dans le royaume de Dieu que d'être jeté avec tes deux yeux dans la géhenne,
là où le ver ne meurt pas et où le feu ne s'éteint pas. »

Patrick Braud

 

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Published by L'homélie du dimanche

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