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15 janvier 2017 7 15 /01 /janvier /2017 20:48

Rappel : le site "L'homélie du dimanche" a déménagé sur la plate-forme unblog.fr.

Vous pouvez le retrouver ici :

www.lhomeliedudimanche.fr  

et vous abonner à l'homélie hebdomadaire en cliquant sur le lien en haut à gauche !

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Published by L'homélie du dimanche
11 septembre 2014 4 11 /09 /septembre /2014 20:30

A tous les lecteurs du site « L’homélie du dimanche »

 

La plateforme Overblog s’était autrefois engagée à maintenir l’accès à sa plateforme gratuit et sans publicité.

Las : promesse non-tenue, puisque vous avez constaté depuis début Septembre 2014 que des publicités (laides et inappropriées comme souvent) envahissent désormais votre écran ! Il faudrait payer pour supprimer la pub, ce qui est contraire à l'esprit des origines...

 

Pour retrouver une lecture plus claire et propre, vous pouvez désormais adopter cette adresse :

 

http://lhomeliedudimanche.fr/

 

Bandeau2

 

Elle vous redirigera vers une autre plate-forme, plus conviviale, gratuite et sans pub.

 

Abonnez-vous à la newsletter en haut à gauche en donnant votre email pour recevoir l’homélie du dimanche chaque semaine.

 

Au plaisir de vous retrouver dans cet environnement plus sobre…

 

Bien cordialement.

 

 

lhomeliedudimanche.fr

 

 

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Published by L'homélie du dimanche
11 septembre 2014 4 11 /09 /septembre /2014 00:01
Reliques : que reste-t-il de nos amours ?

 

Homélie du 24° dimanche du temps ordinaire / Année A
Fête de l'exaltation de la Croix glorieuse
14/09/ 2014

 

 

Que reste-t-il de ceux que nous avons connus ? Ou, comme le chantait Charles Trenet : que reste-t-il de nos amours ? que reste-t-il de ces beaux jours ?...

La mémoire d'un visage, un parfum... des souvenirs qui remontent, associés aux « madeleines » de notre vécu commun : telle musique, tel objet, tel lieux précis...

Nous n'avons pas besoin d'objets matériels en théorie pour faire vivre en nous cette mémoire. Pourtant, il suffit de rentrer dans l'intimité d'une maison, d'un appartement, d’une chambre, pour lire sur les murs et les étagères les grands moments, les grandes figures qui ont marqué les habitants. Et, lors d'un héritage, on voit bien que la valeur affective et mémorielle d'une table, d'un violoncelle ou d'un tableau sont plus importants que leur valeur financière.

Et puis, lorsqu'on déménage une personne âgée de chez elle dans une résidence médicalisée, le simple fait de pouvoir poser quelques meubles et photos personnelles dans sa chambre l'aidera à ne pas être totalement déracinée.

 

Bref, nous avons besoin qu'il nous reste quelque chose de notre histoire individuelle.

C'est ce même besoin de garder des traces concrètes d'événements importants qui a poussé les chrétiens à garder des restes, des reliques (reliquare = ce qui reste, en latin), de ceux qui ont marqué leur histoire. Les premières reliques matérielles sont peut-être ces morceaux de la croix du Christ dont nous fêtons la découverte en ce 14 septembre, fête de l'exaltation de la croix glorieuse.

 

On sait que c'est l'impératrice Hélène, la mère de Constantin (IV° siècle), qui est allée chercher à Jérusalem ce qui restait de la croix du Christ et des instruments de sa Passion : la couronne d'épines, les clous, des morceaux du bois (le patibulum). On se souvient également que la Sainte-Chapelle à Paris a été construite spécialement par Saint Louis pour servir d'écrin à ces reliques qu'il y déposa en 1248 [2].


 

Ces traces et réalistes, physiques, concrètes, du supplice de la crucifixion subie par Jésus ont toujours été vénérées avec respect par le peuple chrétien. Pas comme des preuves, pas de manière magique. Mais comme des signes de l'enracinement historique de l'événement majeur de notre foi.

En consacrant une fête liturgique annuelle en l'honneur de ces reliques, l'Église catholique redit son attachement à la réalité historique de Jésus de Nazareth, de sa Passion et de sa mise au tombeau.

 

Les premières reliques des chrétiens ont été pendant trois siècles liées aux martyrs suppliciés dans les arènes romaines.

Les fouilles archéologiques ont par exemple montré que le tombeau de Saint Pierre à Rome correspond vraiment aux restes de l'apôtre, recueillis par des disciples sur les lieux mêmes de son martyr, dans le cirque romain du Vatican.

 

 

 

La coutume s'est même très tôt répandue de se retrouver autour des tombes des martyrs, pour y célébrer l'eucharistie en secret [2]. Car la véritable eucharistie, c'est d'offrir sa vie, de livrer son corps et de verser son sang par amour. Pour ne jamais oublier ce vrai sens de l'eucharistie, et les martyrs qui pendant 300 ans l'ont payé de leur vie (hélas cela continue encore aujourd'hui), l'Église a ensuite placé dans ses autels des reliques de ses martyrs. Ainsi, en célébrant l'eucharistie sur des restes humains de ceux qui en ont été le prototype, les chrétiens s'obligent eux-mêmes à en faire une question de vie ou de mort.

 

pierre-autel.jpg

 

Tel est la force des reliques, dont nous fêtons aujourd'hui la découverte des premières à Jérusalem. Les reliques des saints s’inscrivent dans ce même mouvement de mémoire réaliste. Sans idolâtrie, loin de tous les trafics qui ont pu polluer leur rôle spirituel dans les siècles passés.

 

Nous comprendrons mieux l'importance des reliques chrétiennes si nous pratiquons nous-mêmes le respect de nos reliques familiales et personnelles. Il nous reste tous quelque chose d'un père disparu, d'amis partis au loin, de collègues qui nous ont formé etc.. Nous pourrions nous en passer en théorie. Mais c'est plus concret, plus humain d'appuyer notre mémoire sur ces humbles éléments matériels, devenus pour nous seuls symboliques d'un moment, d'un visage, d'un événement.

 

Que la fête de l'exaltation de la Croix, à travers ces quelques bouts de bois précieusement conservés, nous aident à ne jamais perdre la mémoire de la Passion du Christ pour nous, unie à nos passions humaines les plus vraies.


 

1. Le 14 septembre 1241, le saint roi Louis IX alla solennellement au-devant des reliques de la Passion qu'il avait achetées à l'empereur de Constantinople : c'étaient un morceau de bois de la vraie Croix, le fer de la lance, une partie de l'éponge, un morceau du roseau et un lambeau du manteau de pourpre. Elles furent déposées à la Sainte-Chapelle en 1248.

 

2. Les actes du martyre de saint Polycarpe, en 156, attestent : « prenant les ossements plus précieux que les pierres de grand prix et plus épurés que l’or, nous les avons déposés dans un lieu convenable. Là même, autant que possible, réunis dans l’allégresse et la joie, le Seigneur nous donnera de célébrer l’anniversaire de son martyre en mémoire de ceux qui sont déjà sorti du combat, et pour exercer et préparer ceux qui attendent le martyre. » On se souvient aussi, en 177, d’une lettre où l’Église de Lyon regrettait de n’avoir pu conserver les restes de ses martyrs.

 

 

 

1ère lecture : Le serpent de bronze, signe du salut (Nb 21, 4b-9)

Lecture du livre des Nombres

Au cours de sa marche à travers le désert, le peuple d'Israël, à bout de courage, récrimina contre Dieu et contre Moïse : « Pourquoi nous avoir fait monter d'Égypte ? Était-ce pour nous faire mourir dans le désert, où il n'y a ni pain ni eau ? Nous sommes dégoûtés de cette nourriture misérable ! »
Alors le Seigneur envoya contre le peuple des serpents à la morsure brûlante, et beaucoup en moururent dans le peuple d'Israël.
Le peuple vint vers Moïse et lui dit : « Nous avons péché, en récriminant contre le Seigneur et contre toi. Intercède auprès du Seigneur pour qu'il éloigne de nous les serpents. »
Moïse intercéda pour le peuple, et le Seigneur dit à Moïse : « Fais-toi un serpent, et dresse-le au sommet d'un mât : tous ceux qui auront été mordus, qu'ils le regardent, et ils vivront ! »
Moïse fit un serpent de bronze et le dressa au sommet d'un mât. Quand un homme était mordu par un serpent, et qu'il regardait vers le serpent de bronze, il conservait la vie !

 

Psaume : 77, 3-4ac, 34-35, 36-37, 38ab.39

R/ Par ta croix, Seigneur, tu nous rends la vie.

Nous avons entendu et nous savons 
ce que nos pères nous ont raconté ;

et nous redirons à l'âge qui vient, 

les titres de gloire du Seigneur. 

Quand Dieu les frappait, ils le cherchaient, 
ils revenaient et se tournaient vers lui :

ils se souvenaient que Dieu est leur rocher, 
et le Dieu Très-Haut, leur rédempteur. 

Mais de leur bouche ils le trompaient, 
de leur langue ils lui mentaient.

Leur cœur n'était pas constant envers lui ; 
ils n'étaient pas fidèles à son alliance. 

Et lui, miséricordieux, 
au lieu de détruire, il pardonnait;
Il se rappelait : ils ne sont que chair, 
un souffle qui s'en va sans retour.

 

2ème lecture : Glorification de Jésus après son humiliation sur la Croix (Ph 2, 6-11)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens

Le Christ Jésus, lui qui était dans la condition de Dieu, n'a pas jugé bon de revendiquer son droit d'être traité à l'égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s'est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu'à mourir, et à mourir sur une croix.
C'est pourquoi Dieu l'a élevé au-dessus de tout ; il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms, afin qu'au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l'abîme, tout être vivant tombe à genoux, et que toute langue proclame : « Jésus Christ est le Seigneur », pour la gloire de Dieu le Père.

 

Evangile : Le Christ élevé sur la croix pour le salut des hommes (Jn 3, 13-17)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Nous t'adorons, ô Christ, et nous te bénissons : par ta Croix, tu as racheté le monde. Alléluia.

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Nul n'est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l'homme.
De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l'homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle.
Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle.
Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.
Patrick BRAUD

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Published by L'homélie du dimanche
4 septembre 2014 4 04 /09 /septembre /2014 00:01

La correction fraternelle

 

Homélie du 23° Dimanche du temps ordinaire / Année A
07/09/2014

 

 

Non-assistance à personne en danger / délit de fuite / devoir d’ingérence…

Vous connaissez ces notions que l’actualité remet régulièrement à l’honneur, hélas…

Mais connaissez-vous la « correction fraternelle » dont parle le Christ dans l’Évangile de ce Dimanche ?

 

 

Non-assistance à personne en danger / Délit de fuite

 

On redécouvre cet impératif moral : ne pas laisser quelqu’un en danger sans réagir.

 

L’actualité nous en a livré quelques exemples, hélas a contrario :

- Les chrétiens d’Irak sont menacés de mort par les djihadistes s’ils ne se convertissent pas à l’islam, et chassés de leur terre. Ne pas les soutenir, ne pas intervenir serait criminel. Les USA bombardent les bases de ‘l’État islamique en Irak et au Levant’ (EIIL). La France envoie une aide humanitaire, accueille des réfugiés chrétiens irakiens et arme les Kurdes contre les djihadistes. Décisons ajustées à l'urgence ? La non-assistance à personnes en danger serait de ne rien faire…

- Les sommets de la terre constatent régulièrement les dangers écologiques qui menacent la planète, et donc les générations futures : effet de serre, eau potable, développement non-durable… la non-assistance à planète en danger serait catastrophique pour l’avenir…

- Des faits divers mettent en scène régulièrement des agressions dans le métro ou le RER où personne ne réagit dans la rame, hélas.

-  Il nous est tous arrivé de reprendre notre voiture sur un parking, bien éraflée par un conducteur indélicat qui n’a même pas pris la peine de laisser une carte de visite… Le délit de fuite commence là !

 

Dans notre évangile, Jésus semble déjà poser les fondations du devoir d’assistance : lorsque ton frère est en danger – à cause du péché ici, et c’est vraiment dangereux de s’installer dans le péché – c’est ton devoir de lui porter secours en l’aidant à changer.

"Si ton frère a commis un péché, va lui parler seul à seul et montre-lui sa faute".

 

Mais Jésus va encore plus loin…

 

 

●  Devoir d’ingérence

Vous vous souvenez : c’est Bernard Kouchner qui avait popularisé l’expression, au moment de la guerre des Balkans, pour justifier l’intervention européenne au Kosovo en 1999. On ne peut pas laisser chaque pays mener la politique qu’il veut sous prétexte qu’il est libre. Il y a parfois le devoir de s’ingérer dans les affaires d’autrui, au nom de notre humanité commune. Sinon, c’est le règne de l’individualisme où personne ne sait pas dans la même rue qui est son voisin et ce qu’il fait. Il y a des immeubles ou des rues dans lesquels on vit juxtaposés, sans se connaître les uns les autres, farouchement repliés sur la fameuse liberté des gens "qui font ce qu’ils veulent",  sous-entendu "je m’en fiche, et je ne veux pas me mêler des affaires des autres".

 

 

 

Pour Jésus, vivre ensemble, ce n’est pas vivre juxtaposés. C’est me sentir un peu responsable de ce que devient l’autre. Parfois cela va jusqu’au devoir d’ingérence [1]. Par exemple, si on se sentait un plus solidaire de ce que vivent les couples amis autour de nous, on pourrait parfois intervenir avant qu’ils se séparent, car cela se voit quand un couple va mal…

 

         Mais Jésus va encore plus loin…

 

 

●  Correction fraternelle

C’est l’expression consacrée pour parler de la démarche que propose Jésus.

Démarche réaliste, qui constate que le péché existe bien dans nos assemblés et communautés d’Église : " Si ton frère a commis un péché…"  Jésus est réaliste : il sait bien que les chrétiens ne seront pas forcément meilleurs que les autres. Il ne rêve pas d’une Église de purs, de parfaits. Mais il va essayer de donner une procédure pour essayer de résoudre les difficultés qui naissent tôt ou tard dans une paroisse, un groupe d’Église, dans une famille ou dans la vie sociale.

Cette procédure, c’est la correction "fraternelle". En quoi consiste-elle ?

 

- D’abord à voir l’autre comme un frère/une sœur.

Même s’il ou elle a commis un péché grave, c’est d’abord un enfant de Dieu « pour lequel le Christ est mort » comme dit St Paul (1Co 8,11). Quoi qu’il ait fait, même le pire, il reste mon frère / ma sœur en humanité. De plus, continuer à l’appeler frère m’oblige à me souvenir que moi aussi je suis pécheur : ce n’est donc pas pour "lui faire la leçon" puisque "je serais meilleur" qu’il faut lui parler, c’est pour ne pas le laisser en danger – spirituel et humain – sans réagir. C’est donc dans un climat d’amour, et non de jugement, qu’il nous est demandé d’intervenir.

 

- Tout l’Évangile nous parle justement de tendre une perche aux "pécheurs" et non de leur mettre la tête sous l’eau. Juste avant le passage d’aujourd’hui, c’était la parabole de la brebis perdue : "gardez-vous de mépriser quiconque… soyez comme le berger qui court à la recherche de la brebis perdue… Votre Père ne veut qu’aucun ne se perde…" (Mt 18, 10-14) Et juste après, Jésus va demander à Pierre de « pardonner 70 fois 7 fois » (Mt 18, 21-22) avant de déplorer l’attitude du serviteur impitoyable et sans cœur qui ne veut pas remettre une dette à un compagnon (Mt 18, 23-25).

 

Ainsi, c’est dans un climat d’amour qu’il nous est demandé d’intervenir. On n’a le droit de faire une remarque à quelqu’un que si on voit en lui un frère à aimer ! Mais comme il n’y a pas d’amour sans vérité, il faut faire la vérité sur les comportements et les paroles qui blessent.

 

- Pour cela, Jésus établit avec tact une progression.

canards.jpg+  Seul à seul d’abord : avec discrétion, pour que le coupable puisse garder sa réputation et son honneur en changeant rapidement.

+  À deux ou à trois ensuite : pour éviter les jugements trop subjectifs, où l’on aurait pu se tromper d’appréciation ; et aussi pour trouver à plusieurs des arguments qui pourraient convaincre davantage. Cela permet aussi d’éviter la précipitation et l’arbitraire.

+  Et enfin devant toute l’Église : par exemple, St Jean Chrysostome refuse la communion à l’empereur qui revient des jeux du cirque. Il a du sang sur les mains : c’est un devoir d’amour que de l’exclure de la communion (ou plutôt de lui révéler qu’il s’est lui-même exclu de la communion) pour qu’il change de vie. "S’il refuse, considère-le comme un païen et un publicain" : c’est-à-dire considère-le comme quelqu’un à évangéliser de nouveau, quelqu’un qui s’est placé de lui-même en dehors de l’Église, et qui a besoin de se convertir à nouveau.

 

Par trois fois ce frère a repoussé la main qu’on lui tendait, et a persisté dans son péché. Après lui avoir donné toutes ses chances, pratiquement, la communauté se reconnaît impuissante vis-à-vis de ce frère. Du moins jusqu’à ce qu’il retrouve le désir de changer de vie.

 

Quel péché public peut justifier d’aller jusque là ? J’ai déjà cité St Jean Chrysostome et l’empereur revenant des jeux du cirque. On pourrait penser à ceux qui en Italie ou chez nous sont dans la Mafia et font pourtant semblant de prier à l’église. On pourrait penser aux extrémistes catholiques qui prêchent la haine sous alibi de défense de la chrétienté. Le tout est d’éviter la non-assistance à personne en danger, et le délit de fuite, d’appliquer avec discernement le devoir d’ingérence, et de pratiquer plus tard la correction fraternelle.

 

Les moines pratiquent depuis longtemps cette hygiène relationnelle. À la réunion du chapitre, chacun peut battre sa coulpe, ou le Père Abbé peut reprocher à chacun ce qu’il pense légitimement devoir lui dire afin de l’aider à vivre en communion avec les autres.

 

"Quand on peut amender quelqu'un et qu'on néglige de le faire, on se rend complice de sa faute" (saint Grégoire le Grand, « Moralia in Job », X 7). 

 

Entraînez-vous à pratiquer la correction fraternelle (donnée et reçue) en famille, au travail, entre amis… : c’est exigeant, mais l’amour véritable est à ce prix.

 


[1]. « La notion d’ingérence humanitaire est ancienne. Elle reprend et élargit la notion d’intervention d’humanité qui au XIXème siècle autorisait déjà une grande puissance à agir dans le but de protéger ses ressortissants ou des minorités (religieuses par exemple) qui seraient menacées. Dans De Jure Belli ac Pacis (1625), déjà, Hugo Grotius avait évoqué un “droit accordé à la société humaine” pour intervenir dans le cas où un tyran “ferait subir à ses sujets un traitement que nul n’est autorisé à faire”.  

L’idée d’ingérence humanitaire a été ranimée au cours de la guerre du Biafra (1967-1970) pour dénoncer l’immobilité des chefs d’États et de gouvernement face à la terrible famine que le conflit avait déclenchée, au nom de la non-ingérence. C’est sur cette idée que se sont créées plusieurs ONG, dont Médecins sans frontières, qui défendent l’idée qu’une violation massive des droits de la personne doit conduire à la remise en cause de la souveraineté des États et permettre l’intervention d’acteurs extérieurs, humanitaires notamment.  

La théorisation du concept date des années 1980. Le philosophe Jean-François Revel fut le premier à évoquer le « devoir d’ingérence » en 1979 dans un article du magazine français l’Express en 1979 consacré aux dictatures centrafricaine de Jean-Bedel Bokassa et ougandaise d’Idi Amin Dada. Le terme fut repris par le philosophe Bernard-Henri Lévy l’année suivante à propos du Cambodge et reformulé en « droit d’ingérence » en 1988, au cours d’une conférence organisée par Mario Bettati, professeur de droit international public et Bernard Kouchner, ancien représentant spécial des Nations Unies au Kosovo et l’un des fondateurs de Médecins sans frontières. Bernard Kouchner en a été le principal promoteur depuis et Mario Bettati a participé à la diffusion de ce concept dans les cercles onusiens notamment. »

Source : http://www.operationspaix.net/41-resources/details-lexique/devoir-et-droit-d-ingerence.html


 

 

 

 

 

1ère lecture : Le prophète est responsable de ses frères (Ez 33, 7-9)

 

Lecture du livre d'Ézékiel

La parole du Seigneur me fut adressée : « Fils d’homme, je fais de toi un guetteur pour la maison d’Israël. Lorsque tu entendras une parole de ma bouche, tu les avertiras de ma part. Si je dis au méchant : 'Tu vas mourir', et que tu ne l'avertisses pas, si tu ne lui dis pas d'abandonner sa conduite mauvaise, lui, le méchant, mourra de son péché, mais à toi, je demanderai compte de son sang. Au contraire, si tu avertis le méchant d'abandonner sa conduite, et qu'il ne s'en détourne pas, lui mourra de son péché, mais toi, tu auras sauvé ta vie. »

 

Psaume : 94, 1-2, 6-7ab, 7d-8a.9

R/ Aujourd'hui, ne fermons pas notre cœur, 
mais écoutons la voix du Seigneur !

Venez, crions de joie pour le Seigneur, 
acclamons notre Rocher, notre salut ! 
Allons jusqu'à lui en rendant grâce, 
par nos hymnes de fête acclamons-le ! 

Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous, 
adorons le Seigneur qui nous a faits. 
Oui, il est notre Dieu ; 
nous sommes le peuple qu'il conduit.

Aujourd'hui écouterez-vous sa parole ? 
« Ne fermez pas votre cœur comme au désert, 
où vos pères m'ont tenté et provoqué, 
et pourtant ils avaient vu mon exploit. »

 

2ème lecture : « Celui qui aime les autres accomplit la Loi »(Rm 13, 8-10)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains

Frères, ne gardez aucune dette envers personne, sauf la dette de l'amour mutuel, car celui qui aime les autres a parfaitement accompli la Loi. Ce que dit la Loi : Tu ne commettras pas d'adultère, tu ne commettras pas de meurtre, tu ne commettras pas de vol, tu ne convoiteras rien ; ces commandements et tous les autres se résument dans cette parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. L'amour ne fait rien de mal au prochain. 
Donc, l'accomplissement parfait de la Loi, c'est l'amour.

 

Evangile : Instructions pour la vie de l'Église. Tout chrétien est responsable de ses frères (Mt 18, 15-20)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Dans le Christ, Dieu s'est réconcilié avec le monde. Il a déposé sur nos lèvres la parole de réconciliation. Alléluia. (cf. 2 Co 5, 19)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Jésus disait à ses disciples : 
« Si ton frère a commis un péché, va lui parler seul à seul et montre-lui sa faute. S’il t’écoute, tu auras gagné ton frère. S'il ne t'écoute pas, prends encore avec toi une ou deux personnes afin que toute l'affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins. S'il refuse de les écouter, dis-le à la communauté de l'Église ; s'il refuse encore d'écouter l'Église, considère-le comme un païen et un publicain. Amen, je vous le dis : tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel. 
Encore une fois, je vous le dis : si deux d'entre vous sur la terre se mettent d'accord pour demander quelque chose, ils l'obtiendront de mon Père qui est aux cieux. Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d'eux. »
Patrick BRAUD

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28 août 2014 4 28 /08 /août /2014 00:01
L'effet saumon

 

 

Homélie du 22° dimanche du temps ordinaire / Année A
31/08/2014

 

 

 

Être dans le vent : une ambition de feuille morte

Les trois lectures de ce 22° dimanche convergent : être croyant, c'est être différent ! Jérémie s'en plaint sans cesse (c'est l'origine des fameuses jérémiades) : « À longueur de journée, la parole du Seigneur attire sur moi l'injure et la moquerie. » (Jr 5, 7-9).

Il aimerait bien passer inaperçu et vivre comme tout le monde. Mais l'appel de Dieu à proclamer sa Parole fait de lui quelqu'un qui dérange, à contre-courant des opinions majoritaires.

La vocation prophétique de tout baptisé lui fera expérimenter cette condition différente dans se plaignait Jérémie. Sur bien des sujets de société, il ne pourra être d'accord avec les consensus - même démocratiques - qui régissent les opinions publiques actuelles. Annoncer la Parole, « à temps et à contretemps » (2 Ti 4,2), suscite bien des oppositions, et s'inscrit rarement dans l'air du temps.

 


Celui qui épouse son temps se retrouve bientôt veuf

Les vrais leaders qui ont une vision de l'avenir osent en effet ne pas s'aligner sur le comportement majoritaire. De Gaulle ne représentait qu'une poignée de Français lorsqu'il choisit de désobéir à Pétain en s'exilant à Londres en 1940. Heureusement, il a préféré être minoritaire plutôt que de continuer une carrière politique sous l'Occupation !


 

 

Israël a fait dès le début de son histoire le choix du Dieu unique, ce qui le plaçait à part à dans l'histoire des nations, naturellement polythéistes. Il a payé plusieurs fois lourdement le prix de ce choix, mais ne pas épouser l'air du temps était pour lui une condition sine qua non pour conserver son identité.

 

 

Seuls les poissons morts vont dans le sens du courant

Le conformisme est finalement é-nervant, au sens étymologique du terme. Celui qui se conforme à la pensée majoritaire risque d'y perdre sa liberté et son énergie. Si les chrétiens sont anticonformistes par nature, ce n'est pas par provocation, c'est au nom de la réalité ultime dont le Christ est le témoin, et qui nous oblige à relativiser, à critiquer, à remettre en perspective toutes les réalités avant-dernières.

Saint Paul a connu la prison, les chaînes, et finalement la décapitation à cause de ce courage anticonformiste : « Ne prenez pas pour modèle le monde présent » (Rm 12, 1-2).


 

 

Si Mitterrand avait attendu que l'opinion publique française soit prête, il n'aurait jamais aboli la peine de mort en 1981. C'est l'honneur d'un leader politique que d'oser, au nom de son éthique de conviction, changer une réalité sociale alors que la majorité serait plutôt conservatrice. Giscard a fait de même pour le vote à 18 ans. Ce courage politique manque singulièrement aux générations actuellement au pouvoir, depuis des années...

 

 

Le homing des saumons

La métaphore la plus parlante au sujet de cette posture chrétienne à contre-courant de beaucoup d'opinions majoritaires est sans doute celle des saumons.


 

 

Vous avez sûrement déjà vu ces images magnifiques de saumons argentés quittant le vivier de l'océan pour remonter les fleuves et rivières, jaillissant hors de l'eau, survolant les barrages, les roches et autres obstacles naturels. Ils retournent chez eux (homing), à la source, là où ils sont nés, pour à leur tour donner la vie. C'est un vrai travail, épuisant, dangereux, que de remonter ainsi le courant sur des kilomètres. Beaucoup mourront épuisés avant la fin, ou happés par un ours brun ou un grizzli, ou échoués sur un rocher.

Mais aller en sens inverse du flux est un impératif porteur de vie.

 

Les baptisés sont ces saumons d'eau vive !

On se souvient que le symbole de poissons les désigne sur les murs de catacombes des trois premiers siècles (ICTUS). Ces poissons-baptisés « ne se modèlent pas sur le monde présent » et entreprennent comme les saumons leur homing, leur remontée  à la source. La source, c'est l'Écriture, la prière, la Tradition vivante, qui leur permet de ne pas épouser l'air du temps, d'oser être différents, quitte à être minoritaires.

 

 

 

 

Dans notre évangile (Mt 16, 21-27), Pierre semble soumis à la tentation du poisson mort qui se laisse aller au gré du courant : « Dieu t'en garde, Seigneur ! cela ne t'arrivera pas ». Il pense comme tous les juifs de son époque que le Messie sera forcément victorieux par la force. Il n'imagine pas un Messie différent, humilié, exclu, mis au rang des criminels. Jésus est obligé de lui passer un savon en public : « tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes ».

Autrement dit : ‘tu calques ton espérance sur celle des révolutionnaires zélotes qui veulent un coup d'état à la manière de Fidel Castro ; ou bien tu rêves comme les prêtres du Temple d'une gloire divine obligeant tous les hommes à se prosterner devant elle. Mon pauvre Pierre, arrête de modeler ton espérance sur les idéologies qui t’entourent. Sois libre d'accueillir l'autre manière d'être Christ que la Croix va manifester. Témoigne de ce Dieu différent au milieu des hommes. Peu importe que tu sois populaire ou non, majoritaire ou non ; l'essentiel est de témoigner de ce que tu as contemplé à la source de ta foi’.

 

 

Résiste...

Contester les modèles dominants n'oblige pas à devenir de "tristes sires", jamais contents de ce qui est ! Discernant les « signes des temps » (Vatican II), les chrétiens se réjouissent de tout ce qu'il y a de vrai, de bon et de bien dans la culture contemporaine. Ce qui leur donne d'autant plus de liberté pour dire non sur des sujets importants où selon eux la conscience collective est aveuglée.

Nous ne sommes pas des prophètes de malheur, toujours insatisfaits. Nous sommes les témoins d'un monde nouveau qui ne demande qu'à faire irruption dans notre présent.

Les saumons qui remontent à la source témoignent tranquillement que le don et la gratuité ont toute leur place dans une économie de marché ouverte ; que le respect de la vie humaine dès sa conception est une bénédiction pour tous ; que l'espérance dans un au-delà de la mort ré-ordonne les vraies priorités d'une existence etc.

 

« Résiste. Suis ton cœur qui insiste. Ce monde n'est pas le tien, viens,
bats-toi, signe et persiste. Résiste ! »
, chantait France Gall avec les paroles de Michel Berger.

En pratiquant leur homing à la manière des saumons, les baptisés retrouvent le courage de cette résistance à tous les conformismes d'aujourd'hui.

 

Alors, foin des feuilles mortes, air du temps et autres poissons morts dérivant au gré du courant, faisons notre homing out : osons « ne pas nous modeler sur le monde présent », au nom de notre espérance.


 

 


 

1ère lecture : Le prophète doit souffrir pour son Dieu (Jr 20, 7-9)

Lecture du livre de Jérémie

Seigneur, tu as voulu me séduire, et je me suis laissé séduire ; tu m'as fait subir ta puissance, et tu l'as emporté. À longueur de journée je suis en butte à la raillerie, tout le monde se moque de moi.
Chaque fois que j'ai à dire la parole, je dois crier, je dois proclamer : « Violence et pillage ! » À longueur de journée, la parole du Seigneur attire sur moi l'injure et la moquerie.
Je me disais : « Je ne penserai plus à lui, je ne parlerai plus en son nom. » Mais il y avait en moi comme un feu dévorant, au plus profond de mon être. Je m'épuisais à le maîtriser, sans y réussir.

 

Psaume : Ps 62, 2, 3-4, 5-6, 8-9

R/ Mon âme a soif de toi, 
Seigneur, mon Dieu

Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l'aube : 
mon âme a soif de toi ; 
après toi languit ma chair, 
terre aride, altérée, sans eau. 

Je t'ai contemplé au sanctuaire, 
j'ai vu ta force et ta gloire. 
Ton amour vaut mieux que la vie : 
tu seras la louange de mes lèvres ! 

Toute ma vie je vais te bénir, 
lever les mains en invoquant ton nom. 
Comme par un festin je serai rassasié ; 
la joie sur les lèvres, je dirai ta louange. 

Oui, tu es venu à mon secours : 
je crie de joie à l'ombre de tes ailes. 
Mon âme s'attache à toi, 
ta main droite me soutient.

 

2ème lecture : Le culte spirituel (Rm 12, 1-2)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains

Je vous exhorte, mes frères, par la tendresse de Dieu, à lui offrir votre personne et votre vie en sacrifice saint, capable de plaire à Dieu : c'est là pour vous l'adoration véritable.
Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour savoir reconnaître quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait.

 

Evangile : Un Messie différent (Mt 16, 21-27)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Que le Père de notre Seigneur Jésus Christ illumine nos cœurs : qu'il nous fasse voir quelle espérance nous ouvre son appel. Alléluia. (cf. Ep 1, 17-18)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Pierre avait dit à Jésus : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. »
À partir de ce moment, Jésus le Christ commença à montrer à ses disciples qu'il lui fallait partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des chefs des prêtres et des scribes, être tué, et le troisième jour ressusciter.
Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches : « Dieu t'en garde, Seigneur ! cela ne t'arrivera pas. »
Mais lui, se retournant, dit à Pierre : « Passe derrière moi, Satan, tu es un obstacle sur ma route ; tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »
Alors Jésus dit à ses disciples : « Si quelqu'un veut marcher derrière moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive.
Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la gardera.
Quel avantage en effet un homme aura-t-il à gagner le monde entier, s'il le paye de sa vie ? Et quelle somme pourra-t-il verser en échange de sa vie ?
Car le Fils de l'homme va venir avec ses anges dans la gloire de son Père ; alors il rendra à chacun selon sa conduite. »
Patrick BRAUD

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22 août 2014 5 22 /08 /août /2014 00:01
Yardén : le descendeur

 

Homélie du 21° Dimanche du temps ordinaire / Année A
24/08/2014

 

 

« Jésus était venu dans la région de Césarée de Philippe »

L’endroit où Jésus pose la fameuse question : « pour vous qui suis-je ? » n’est pas choisi au hasard (Mt 16, 13-20). 

Ceux qui ont eu la chance d’aller en Terre Sainte savent en effet que la géographie d’Israël et de Palestine est une géographie symbolique, où chaque lieu parle de l’action de Dieu dans l’histoire humaine.

 

La géographie de Césarée de Philippe

 

Césarée de Philippe est en effet une ville qui symbolise la proximité d’avec le Père (« l’humble montagne de l’Hermon » Ps 42,7).

Le Jourdain est le fils de l’Hermon, montagne aux confins du Liban, montagne aux neiges éternelles qui culmine à 2814 mètres. Sa source accrochée aux flancs de l’Hermon est à 520 mètres d’altitude, sur l’emplacement de la ville de Césarée de Philippe, qui constituait déjà un grand centre thermal au temps de Jésus.


 

 

Cette ville est située dans une fraîche vallée, près de l'une des principales sources du Jourdain, au pied du mont Hermon, du côté sud-ouest, à 528 mètres au-dessus du lac de Tibériade. Elle contrôle la route entre Tyr et Damas, et garde la plaine fertile du lac Huleh (le Semechonitis des Romains), irriguée par les sources du Jourdain. Le site est identifié à Baniyas (46 km à l'est de Tyr) ; le petit village qui en restait fut détruit au lendemain de l’occupation du Golan par Israël (1967). D’abord appelée Panion par les Grecs en raison du sanctuaire qu’ils y dédièrent au dieu Pan et aux Nymphe, elle fut ensuite appelée Panéas après qu’Antiochus III, vers 200 avant Jésus-Christ, y défit les Égyptiens (paneas en grec). En 20 avant Jésus-Christ, Auguste donna la région de Panéas à Hérode le Grand qui lui éleva « un temple magnifique en marbre blanc » (Flavius Josèphe), près de la grotte du dieu Pan. Après la mort d'Hérode le Grand, la région fut incluse dans la tétrarchie de Philippe qui réorganisa Panéas et qu'il nomma Césarée de Philippe, en son honneur et en celui de Tibère César. La ville devint alors un centre important de la civilisation gréco-romaine : elle contrôlait la région à laquelle elle donna son nom. Césarée de Philippe fut incluse dans le territoire d’Hérode Agrippa II (53) qui l'appela Néronias, en l'honneur de Néron. Durant la première révolte juive (66-70), elle servit de lieu de repos aux armées romaines. Césarée de Philippe eut assez tôt un évêché qui dépendant de la province de Tyr (Phénicie première). Après qu’ils eurent pris la ville (1129), les croisés y installèrent un évêque latin.

 

 

Le Jourdain, figure christique

 

Arrêtons-nous sur le Jourdain, pour y découvrir le sens de cet épisode sur l’identité de Jésus.

Ce n’est certes pas un fleuve comme les autres !

 

Depuis les hauteurs de l’Hermon, le Jourdain suit une faille qui le fait descendre de plus en plus bas, vers le lac de Tibériade (210 m au-dessous du niveau de la mer), jusqu’à la Mer Morte, le point le plus bas du globe : -392 mètres. C’est pourquoi ce fleuve s’appelle le « Jourdain », c’est à dire le « descendeur » (Yardén) en Hébreu. En faisant corps avec le Jourdain par son baptême, Jésus s’identifie à lui : il est lui aussi, par excellence, le « descendeur », celui qui jaillit des hauteurs inaccessibles du Père comme le Jourdain jaillit de l’Hermon ; celui qui va rejoindre l’humanité au plus bas, jusqu’aux enfers mêmes, dans nos Mers les plus mortes. Le Jourdain devient alors la parabole du Christ et de sa kénose d’amour : « le Christ, ayant la condition de Dieu, ne retient pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Il s’est abaissé (kénose) » (Ph 2,6‑11). Tel un plongeur, il vient plonger au plus bas de notre humanité, pour ramener vers le Père ceux que l’on croyait noyés, perdus, envasés…

 

C’est donc près des sources du Jourdain, à Césarée de Philippe, que Jésus annonce à ses disciples le baptême de sa Passion; c’est là encore, à l’endroit où il jaillit du Père pour descendre jusqu’à la mort, que Jésus demande à ses disciples qui il est, et donne à Pierre la primauté dans l’Église, avec le pouvoir des clés (Mt 16, 13-20).

Notre Église, notre baptême, attestent de la plongée de Dieu en notre humanité, au plus bas, pour faire triompher la vie nouvelle.

 

Le parallélisme entre le Jourdain et Jésus devient plus saisissant lorsqu’on voit le fleuve d’avion : il effectue de multiples méandres, plus de trois fois son trajet direct à vol d’oiseau. Voilà donc le Christ qui, comme le Jourdain descendant de l’Hermon, prend le temps de rencontrer les hommes partout sur son parcours, quitte à faire des détours, à travers les méandres de nos vies. Ce faisant, il s’y charge des déchets, des souillures, de la pollution produite par les hommes. Le Jourdain passe par le lac où les villes vident leurs poubelles ; il reprend son cours lent, sale, sinueux, à travers des méandres sans fin. « C’était nos souffrances qu’il portait » (Is 53,4).

Et c’est à 6 kilomètres de l’embouchure de la Mer Morte que Jésus est plongé pour recevoir le Baptême, c’est à dire à l’endroit où le fleuve est le plus sale. Jésus « paraît » (c’est une épiphanie) sur les bords du Jourdain (Mc 1,9) pour y être baptisé, plongé.

C’est comme si Jésus voulait faire les poubelles de l’humanité, ou venait récupérer les déchets à la déchetterie publique… « Il a été fait péché pour nous » nous dira Saint Paul (2 Co 5,21). Il est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus. Il est venu faire corps avec tous les déchets de la société, tous les exclus d’aujourd’hui, pour les faire remonter vers le Père, lui qui jaillit du Père et y retourne.

 

Regardez où se jette le Jourdain : dans la Mer Morte ! Pourquoi morte ? Parce que, à cause de l’évaporation intensive à -400 m, elle s’enrichit constamment en sel (33% soit 6 fois plus que l’océan !), à tel point que nulle vie animale ou végétale ne peut s’y développer. Ni faune, ni flore, berges arides… Voilà donc le Prince de la Vie, l’Auteur de la Vie, qui se jette dans la Mer Morte ! L’Amour plonge dans une eau de mort, descendant au plus bas, jusqu’à la mort même.

 

Ce combat pour la vie, contre la mort, est la raison la plus profonde de la descente du Christ d’auprès du Père jusqu’à nous (Noël). La Pâque du Christ, c’est ce moment où le fleuve se jette dans la Mer Morte, et où les eaux douces viennent assainir l’eau salée, et faire gagner la vie.

Eau claire jaillissant du côté droit du Christ en croix (Jn 19,34) (souvenez-vous que pour lui, sa Passion est un baptême), notre baptême devient source des sacrements qui coulent de l’Église, corps du Ressuscité. La Vie en Christ est plus forte que la mort.

 

 

Le Jourdain dans l’histoire d’Israël

 

Qu’il est riche en symboles, ce Jourdain où Jésus accepte d’être aujourd’hui d’être plongé pour nous rejoindre au cœur, au plus intime, là où parfois nous avons nous-mêmes peur d’aller !… car qui n’a pas peur de fouiller dans ses propres poubelles ? …

 

- Josué avait déjà traversé ce Jourdain après le long exode du désert (vers 1200 avant JC), et le gué du Jourdain près de Jéricho était devenu le symbole de l’entrée dans la Terre Promise (Jos 3-4); le baptême de Jésus, c’est vraiment le gué pour entrer dans le Royaume.


 


- Sur les rives du Jourdain, pour marquer l’ère nouvelle, les Israélites reçurent la circoncision et mangèrent la Pâque (Jos 5, 2-12). Dans le baptême au Jourdain, le Christ réalise la circoncision du cœur et la Pâque nouvelle.

 

- Les fugitifs célèbres passeront par les gués du Jourdain pour échapper à leurs ennemis (David, Abner…) : aujourd’hui, Jésus est le passage pour échapper à la mort.

 

- Sur les rives du Jourdain, Élisée vit le prophète Elie s’envoler vers le ciel comme un char de feu (2R 2,1-18). Sur les rives du Jourdain, Jean-Baptiste voit en Jésus l’Agneau de Dieu, celui qui remontera vers son Père dans la gloire de la Résurrection.

 

- Élisée envoya le Syrien, général d’une armée étrangère, se purifier de sa lèpre dans les eaux du Jourdain (2 R 5). Aujourd’hui Jésus envoie tous les peuples de la terre être purifiés de leur lèpre intérieure  dans les eaux du baptême chrétien.

 

Oui, le Jourdain est vraiment le symbole de Jésus, le « descendeur », celui qui jaillit du Père pour nous sauver de nos Mers Mortes. À Césarée de Philippe, il prend sa source en Dieu, « l’humble montagne de l’Hermon », pour descendre au plus bas de notre humanité.

 

Puissions-nous, dans notre baptême, le laisser nous faire remonter – tels des saumons  - jusqu’à la source dont il jaillit sans cesse : le Père, source de tout amour ; le Père, notre avenir.

Puissions-nous également, avec lui, descendre au plus bas de notre humanité, pour aller chercher ce qui en nous était perdu, ceux qui se croient perdus des hommes, perdus de Dieu...

 

 

 

 1ère lecture : Je te confierai les clefs de la maison de David(Is 22, 19-23)

Lecture du livre d'Isaïe

Parole du Seigneur adressée à Shebna le gouverneur : « Je vais te chasser de ton poste, t'expulser de ta place.
Et, ce jour-là, j'appellerai mon serviteur, Éliakim, fils de Hilkias.
Je le revêtirai de ta tunique, je le ceindrai de ton écharpe, je lui remettrai tes pouvoirs : il sera un père pour les habitants de Jérusalem et pour la maison de Juda.
Je mettrai sur son épaule la clef de la maison de David : s'il ouvre, personne ne fermera ; s'il ferme, personne n'ouvrira.
Je le rendrai stable comme un piquet qu'on enfonce dans un sol ferme ; il sera comme un trône de gloire pour la maison de son père. »

 

Psaume : Ps 137, 1-2a, 2bc-3, 6a.8

R/ Toi, le Dieu fidèle, 
poursuis ton œuvre d'amour.

De tout mon cœur, Seigneur, je te rends grâce : 
tu as entendu les paroles de ma bouche. 
Je te chante en présence des anges,
vers ton temple sacré, je me prosterne. 

Je rends grâce à ton nom pour ton amour et ta vérité, 
car tu élèves, au-dessus de tout, ton nom et ta parole.
Le jour où tu répondis à mon appel, 
tu fis grandir en mon âme la force. 

Si haut que soit le Seigneur, il voit le plus humble.
Le Seigneur fait tout pour moi. 
Seigneur, éternel est ton amour : 
n'arrête pas l'oeuvre de tes mains.

 

2ème lecture : Profondeur insondable du mystère du salut (Rm 11, 33-36)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains

Quelle profondeur dans la richesse, la sagesse et la science de Dieu ! 
Ses décisions sont insondables, ses chemins sont impénétrables !
Qui a connu la pensée du Seigneur ? Qui a été son conseiller ?
Qui lui a donné en premier, et mériterait de recevoir en retour ?
Car tout est de lui, et par lui, et pour lui. 
À lui la gloire pour l'éternité ! Amen.

 

Evangile : « Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux »(Mt 16, 13-20)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Sur la foi de Pierre le Seigneur a bâti son Église, et les puissances du mal n'auront sur elle aucun pouvoir. Alléluia. (cf. Mt 16, 18)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Jésus était venu dans la région de Césarée-de-Philippe, et il demandait à ses disciples : « Le Fils de l'homme, qui est-il, d'après ce que disent les hommes ? »
Ils répondirent : « Pour les uns, il est Jean Baptiste ; pour d'autres, Élie ; pour d'autres encore, Jérémie ou l'un des prophètes. »
Jésus leur dit : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? »
Prenant la parole, Simon-Pierre déclara : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ! » 
Prenant la parole à son tour, Jésus lui déclara : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux.
Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l'emportera pas sur elle.
Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. » 
Alors, il ordonna aux disciples de ne dire à personne qu'il était le Messie.
Patrick BRAUD

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15 août 2014 5 15 /08 /août /2014 15:00
Maison de prière pour tous les peuples

 

Homélie du 20° Dimanche du temps ordinaire / Année A
17/08/2011

 

 

 Quelle place donner aux étrangers dans la vie sociale, culturelle, religieuse d'un pays ?

Faut-il leur accorder le droit de vote ? À quelles élections ? Quelle place peuvent-ils prendre dans les associations, dans les Églises ? Faut-il une politique d'intégration, d'assimilation, ou bien un multiculturalisme intelligent ?

Ces questions sont de toujours à toujours, et nos politiques ne sont ni les premiers ni les derniers à instrumentaliser ou au contraire à fuir ces réels enjeux du vivre ensemble. 

 

Isaïe transmet une prise de position courageuse, sans doute à contre-courant de l'opinion majoritaire des coreligionnaires juifs de son époque. « Je ferai bon accueil aux étrangers qui se sont attachés au service de mon Nom. Je les rendrai heureux dans ma maison de prière » (Is 56).

Bien sûr la condition exprimée semble restrictive (« s'attacher au service du Nom » = se détacher du polythéisme et devenir un craignant-Dieu). Mais pour l'époque c'est déjà révolutionnaire d'universaliser ainsi le salut et le bonheur offerts dans le Temple de Jérusalem. La conclusion est encore plus stupéfiante : « ma maison s'appellera : maison de prière pour tous les peuples » (Is 56,7). Salomon ira encore plus loin en demandant à Dieu d'exaucer les prières des étrangers qui viendront prier ici (1R 8)...

Que quelques tribus d'ex-nomades, d’ex-esclaves aient prétendu détenir la vérité sur le seul vrai Dieu est déjà un tournant unique de l'histoire humaine. Qu'ils aient élargi leur position religieuse jusqu'à en conclure logiquement que ce dieu - puisqu'il est unique - est aussi le dieu des païens, des étrangers, de l'univers tout entier, est un autre tournant tout aussi important.


 

 

Les prophètes ne font pas de Jérusalem une capitale ethnocentrée. Elle est « maison de prière pour tous les peuples ». Le Vatican, en demandant un statut international pour la ville de Jérusalem, serait paradoxalement plus juif que les politiques juifs, dans la ligne prophétique d’Isaïe !

 

 

Paul : le souci des locaux

 

Paul réfléchit lui aussi à ce mystère d'Israël au milieu des nations (Rm 11). Le scandale de la croix du Christ a opéré un chassé-croisé surprenant. Ceux qui étaient loin (les étrangers) sont désormais devenus proches, et les enfants de famille (les juifs) semblent être devenus des ennemis irréductibles, alors que Jésus est l'un d'entre eux, ainsi que Paul et tous les premiers chrétiens.

L'apôtre des païens n’oubliera jamais la vocation singulière du peuple de l'Alliance. Tout en parcourant la Méditerranée, jusqu'à faire arriver le premier l’Évangile en Europe, Paul n'aura de cesse de rappeler que les fils de famille ne doivent pas être délaissés ni méprisés sous prétexte d'ouverture aux païens.

Si nous avions gardé cette tension féconde, nous n’aurions jamais regardés les juifs comme les nouveaux étrangers du christianisme. Nous aurions empêché les pogroms, les conversions forcées, peut-être même la Shoah...

 

 

Jésus : l'étranger est surprise

 

Jésus est juif jusqu'au bout des ongles. Alors qu'il fait un peu de camping touristique, ou du moins alors qu'il prend du repos le long de la côte libanaise (Tyr et Sidon), il semble camper dans un complexe de supériorité si courant chez les rabbins juifs. « Je n’ai été envoyé qu'aux brebis perdues d'Israël » (Mt 15,21-28). Autrement dit : les étrangers, ce n'est pas mon problème. Isaïe a dû se retourner dans sa tombe ! Heureusement, la ténacité de cette libanaise qui lui réclame des miettes va ébranler l'autosuffisance juive qui n'a pas épargné même Jésus : « les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leur maître ». Là, Jésus stupéfait est obligé de reconnaître que cette femme a raison : les étrangers sont bien invités au festin, et pas que pour des miettes ! C'est sans doute un déclic dans la conscience de Jésus.


 

À partir de la rencontre de cette étrangère, il défendra jusqu'au bout l'universalité de sa mission. Il annoncera de salut pour tous. L’écriteau INRI, rédigé en latin, grec et araméen témoignera de son désir de « rassembler dans l'unité des enfants de Dieu dispersés » (Jn 11,52), étrangers et juifs enfin réunis.

 

Peut-on conclure quelque chose de ce bref parcours sur la place des étrangers dans la vie d’Israël et de l'Église ?

Pas un programme politique détaillé. 

Pas un catalogue de mesures répressives ou libérales.

Plutôt un état d'esprit, qui aura des conséquences énormes à la longue.

 

 

 

Avec Isaïe nous continuons de proclamer que tous les étrangers ont leur place dans la maison de prière qu’est l'Église, pour tous les peuples.

Avec Paul, nous rappelons en même temps il ne faut pas oublier les fils de la maison, ceux qui accueillent, et qui ont besoin de ne pas devenir symétriquement les étrangers des autres.

Avec Jésus, nous voulons nous laisser surprendre dans la rencontre de l'étranger, qui a tant de choses à nous apprendre sur Dieu.

 

Ce n'est qu'un socle sur lequel bâtir une vraie politique d'accueil des étrangers. Il faudrait d'ailleurs relire tous les textes bibliques accordant aux étrangers un statut d'égalité avec les juifs dans le Royaume d'Israël (ex: "la loi sera la même pour le citoyen et pour l'étranger en résidence parmi vous" Ex 12,49 etc.)

 

Mais ce socle pourrait déjà changer bien des choses dans nos têtes, dans nos cœurs, dans notre porte-monnaie.

 

 


 

 

1ère lecture : Dieu accueille les étrangers qui viennent le prier (Is 56, 1.6-7)

Lecture du livre d'Isaïe

Parole du Seigneur :
Observez le droit, pratiquez la justice. Car mon salut est approche, il vient, et ma justice va se révéler.

Les étrangers qui se sont attachés au service du Seigneur pour l'amour de son nom et sont devenus ses serviteurs, tous ceux qui observent le sabbat sans le profaner et s'attachent fermement à mon Alliance, je les conduirai à ma montagne sainte. Je les rendrai heureux dans ma maison de prière, je ferai bon accueil, sur mon autel, à leurs holocaustes et à leurs sacrifices, car ma maison s'appellera « Maison de prière pour tous les peuples ».

 

Psaume : Ps 66, 2b-3, 5abd, 7b-8

R/ Dieu, que les peuples t'acclament ! 
Qu'ils t'acclament, tous ensemble !

Que ton visage s'illumine pour nous ;
et ton chemin sera connu sur la terre, 
ton salut, parmi toutes les nations.

Que les nations chantent leur joie, 
car tu gouvernes le monde avec justice ; 
sur la terre, tu conduis les nations. 

Dieu, notre Dieu, nous bénit. 
Que Dieu nous bénisse, 
et que la terre tout entière l'adore !

 

2ème lecture : Le rôle des Juifs dans la nouvelle Alliance (Rm 11, 13-15.29-32)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains

Frères, 
je vous le dis à vous, qui étiez païens : dans la mesure même où je suis apôtre des païens, ce serait la gloire de mon ministère de rendre un jour jaloux mes frères de race, et d'en sauver quelques-uns.
Si en effet le monde a été réconcilié avec Dieu quand ils ont été mis à l'écart, qu'arrivera-t-il quand ils seront réintégrés ? Ce sera la vie pour ceux qui étaient morts !

Les dons de Dieu et son appel sont irrévocables.
Jadis, en effet, vous avez désobéi à Dieu, et maintenant, à cause de la désobéissance des fils d'Israël, vous avez obtenu miséricorde ; de même eux aussi, maintenant ils ont désobéi à cause de la miséricorde que vous avez obtenue, mais c'est pour que maintenant, eux aussi, ils obtiennent miséricorde.
Dieu, en effet, a enfermé tous les hommes dans la désobéissance pour faire miséricorde à tous les hommes.

 

Evangile : Jésus exauce la prière d'une étrangère (Mt 15, 21-28)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Le Seigneur redresse les accablés, le Seigneur protège l'étranger. Heureux qui met en lui son espoir !Alléluia. (Ps 145, 5.8-9)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

 

Jésus s'était retiré vers la région de Tyr et de Sidon.
Voici qu'une Cananéenne, venue de ces territoires, criait : « Aie pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon. »
Mais il ne lui répondit rien. Les disciples s'approchèrent pour lui demander : « Donne-lui satisfaction, car elle nous poursuit de ses cris ! »
Jésus répondit : « Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues d'Israël. »
Mais elle vint se prosterner devant lui : « Seigneur, viens à mon secours ! »
Il répondit : « Il n'est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens. — C'est vrai, Seigneur, reprit-elle ; mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. »
Jésus répondit : « Femme, ta foi est grande, que tout se fasse pour toi comme tu le veux ! » Et, à l'heure même, sa fille fut guérie.
Patrick BRAUD

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13 août 2014 3 13 /08 /août /2014 00:01
Assomption : les sentinelles de l'invisible

 

 

Homélie de l’ASSOMPTION / Année A
15/08/2014

 

 

Sentinelles de l’invisible !

 

C’était le 15 Août 2004.

Un vieux pape fatigué, sentant la mort approcher, effectuait son dernier pèlerinage à Lourdes. Mais Jean-Paul II - saint Jean-Paul II ! - , malade, trouvait des mots pleins de vigueur pour fêter l’Assomption de Marie.

Devant la Grotte de Massabielle, il lançait cette invitation toujours actuelle : 

« Soyez des sentinelles de l’invisible ».

« De cette grotte, je vous lance un appel spécial à vous, les femmes.

En apparaissant dans la grotte, Marie a confié son message à une fille, comme pour souligner la mission particulière qui revient à la femme, à notre époque tentée par le matérialisme et par la sécularisation : être dans la société actuelle témoin des valeurs essentielles qui ne peuvent se percevoir qu’avec les yeux du cœur.

À vous, les femmes, il revient d’être sentinelles de l’Invisible ! »

 

Sentinelles de l’invisible !

Avons-nous pris le temps de réaliser ce que cette belle formule signifie ?  

 

Sentinelle : le mot évoque, quelqu’un qui veille sur les remparts, au nom de tous, pour les prévenir dès que quelque chose bouge. Quelqu’un qui a ce flair intérieur, cette sensibilité extrême pour détecter ce qui apparaît, pour « sentir » (sentinelle vient du latin sentire) ce qui se passe. Comme une vigie qui scrute l’horizon de la mer en haut du mât du bateau, dans la hune.

 

Et en plus : sentinelle de l’invisible, c'est-à-dire : veilleur de ce qu’on ne voit pas encore, détecteur de présence avant qu’elle ne soit manifestée, vigie entourée par un océan apparemment sans limite…

 

Marie a ainsi guetté l’invisible, tout au long de sa vie.

Marie, aujourd’hui élevée dans la gloire auprès de son Fils, est sans doute la plus belle sentinelle de l’invisible : tournons-nous vers elle pour commencer à le devenir nous-mêmes.

 

* Jeune fille juive, elle partageait intensément la folle espérance de son peuple en un Messie libérateur. Et l’Ange du Seigneur porta l’annonce à Marie, qui a su « sentir » sa présence.

 

* Mère de Jésus, elle a appris à voir en lui ce que les autres ne voyaient pas.

 

* À Cana, elle a cru en lui alors qu’il n’avait encore rien prouvé, rien manifesté. À Cana d’ailleurs, elle avait su voir l’invisible : ce vin qui allait manquer pour la noce.

 

* Sur les routes de Palestine, elle a accepté que son Fils la rabroue : « Qui est ma mère ? » et peu à peu, elle a deviné l’autre maternité, bien plus profonde encore que la seule maternité physique, à laquelle le Christ l’appelait.

 

* Lors de sa visite à Élisabeth, le bel évangile d’aujourd’hui, Marie a senti son enfant tressaillir en elle. Mieux qu’une échographie moderne, elle a su, comme Élisabeth, deviner la grandeur de celui qu’elle portait en elle. Cette échographie spirituelle est peut-être notre travail le plus urgent...

 

* Et au pied de la Croix, alors que tous – et notamment les hommes, aveuglés par l’échec – ne voyaient que désolation, Marie et quelques femmes étaient là, debout : stabat Mater dolorosa, mais debout dans la confiance malgré tout. Comme si elle contemplait l’invisible, l’invisible Résurrection, dont elle ne savait rien, sinon qu’elle l’espérait…

 

Les femmes d’aujourd’hui, à la suite de Marie et d’Élisabeth, continuent à être pour ce monde des sentinelles de l’invisible. Elles tricotent au fil des jours l’avenir de leurs enfants, parfois bien seules. Elles façonnent cette densité qui est le fruit de l’amour.

Dans la vie sociale également, bien des femmes nous aident à attendre, à discerner ce qui n’est pas encore visible.

 

- Souvenez-vous des mères de la place de Mai : depuis 1977, elles manifestent pacifiquement sur la place de Mai, à Buenos Airos, en Argentine. Elles demandent la vérité et la justice, pour les milliers d’enfants disparus pendant la dictature militaire (1976-1983).


 

 

- Voyez  les femmes libanaises, palestiniennes ou israéliennes, aujourd’hui. Elles guettent la paix, elles sentent qu’un jour la réconciliation sera possible.

 

Après tout, n’est-ce pas la vocation de toute l’Église d’être, à l’image de Marie, sentinelle de l’invisible ?

 

- Pour discerner ce qui apparaît au lieu de se lamenter sur ce qui disparaît.

- Pour encourager ce qui germe au lieu de piétiner ce qui se fane.

- Pour guetter ce qui portera des fruits de justice et de paix dans la vie sociale.

- Pour avoir le cœur battant à force de scruter l’horizon, et ne jamais se décourager d’espérer l’imprévisible.

 

Dans la vie de notre Église, nous avons également besoin de ces vigies d’espérance, pour éveiller les germes de renouveau dans les jeunes générations, dans nos assemblées du Dimanche, pour vivre notre pauvreté numérique actuelle dans la confiance et le retour à l’Évangile.

 

Dans nos familles, nous avons besoin de grands-parents qui témoignent patiemment de leur foi, en guettant sans faiblir ceux qui pourront prendre la relève dans les jeunes générations, même s’ils sont invisibles la plupart du temps.

 

Marie, toi qui aujourd’hui es pleinement associée à la gloire de ton Fils, cette gloire que tu as guettée avec amour sans la voir se manifester avant Pâques, apprends-nous à être, avec toi, des sentinelles de l’invisible, des veilleurs, des vigies infatigables.

 

 

 

Messe du jour

 

1ère lecture : La Femme de l'Apocalypse, image de l'Église comme Marie (Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab)

Lecture de l'Apocalypse de saint Jean

Le Temple qui est dans le ciel s'ouvrit, et l'arche de l'Alliance du Seigneur apparut dans son Temple. 

Un signe grandiose apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles.
Elle était enceinte et elle criait, torturée par les douleurs de l'enfantement.
Un autre signe apparut dans le ciel : un énorme dragon, rouge feu, avec sept têtes et dix cornes,et sur chaque tête un diadème.
Sa queue balayait le tiers des étoiles du ciel, et les précipita sur la terre. Le Dragon se tenait devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer l'enfant dès sa naissance.
Or, la Femme mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les menant avec un sceptre de fer. L'enfant fut enlevé auprès de Dieu et de son Trône, et la Femme s'enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place. 

Alors j'entendis dans le ciel une voix puissante, qui proclamait : « Voici maintenant le salut, la puissance et la royauté de notre Dieu, et le pouvoir de son Christ ! »

 

Psaume : 44, 11-12a, 12b-13, 14-15a, 15b-16

R/ Heureuse es-tu, Vierge Marie, dans la gloire de ton Fils.

Écoute, ma fille, regarde et tends l'oreille ; 
oublie ton peuple et la maison de ton père : 
le roi sera séduit par ta beauté. 

Il est ton Seigneur : prosterne-toi devant lui. 
Alors, les plus riches du peuple, 
chargés de présents, quêteront ton sourire. 

Fille de roi, elle est là, dans sa gloire, 
vêtue d'étoffes d'or ; 
on la conduit, toute parée, vers le roi. 

Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ; 
on les conduit parmi les chants de fête : 
elles entrent au palais du roi.

 

2ème lecture : Le Christ nous entraîne tous dans la vie éternelle ( 1 Co 15, 20-27a)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères, le Christ est ressuscité d'entre les morts, pour être parmi les morts le premier ressuscité. Car, la mort étant venue par un homme, c'est par un homme aussi que vient la résurrection. En effet, c'est en Adam que meurent tous les hommes ; c'est dans le Christ que tous revivront, mais chacun à son rang : en premier, le Christ ; et ensuite, ceux qui seront au Christ lorsqu'il reviendra. Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra son pouvoir royal à Dieu le Père, après avoir détruit toutes les puissances du mal. C'est lui en effet qui doit régner jusqu'au jour où il aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. Et le dernier ennemi qu'il détruira, c'est la mort, car il a tout mis sous ses pieds.

 

Evangile : « Heureuse celle qui a cru ! » (Lc 1, 39-56)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Aujourd'hui s'est ouverte la porte du paradis : Marie est entrée dans la gloire de Dieu ; exultez dans le ciel, tous les anges ! Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ces jours-là, Marie se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée.
Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l'enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie de l'Esprit Saint, et s'écria d'une voix forte : 
« Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni.
Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu'à moi ?
Car, lorsque j'ai entendu tes paroles de salutation, l'enfant a tressailli d'allégresse au-dedans de moi.
Heureuse celle qui a cru à l'accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
Marie dit alors : 
« Mon âme exalte le Seigneur, 
mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur.
Il s'est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse.
Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom !
Son amour s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent.
Déployant la force de son bras, il disperse les superbes.
Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.
Il comble de bien les affamés, renvoie les riches les mains vides.
Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour,
de la promesse faite à nos pères, en faveur d'Abraham et de sa race à jamais. »

Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s'en retourna chez elle.
Patrick BRAUD

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Published by L'homélie du dimanche
8 août 2014 5 08 /08 /août /2014 00:01
Le dedans vous attend dehors

 

Homélie du 19° dimanche du temps ordinaire / Année A
09/08/2014

 

 

Nous sommes les obligés de Jésus

 

Il est rare que Jésus soit obligé d'obliger ses disciples à faire quelque chose ! La plupart du temps, il sollicite leur liberté : « venez et voyez ». Même lorsqu'il leur parle à l'impératif, c'est en respectant leur réponse positive ou négative : « suis-moi », « pardonne 70 fois 7 fois » etc.

 

Un ami officier de marine faisait remarquer que notre épisode de l'embarquement forcé sur le lac (Mt 14,22 et son parallèle Mc 6,45) est le seul passage des évangiles où Jésus oblige ses disciples à faire quelque chose qu'ils ne voudraient pas. « Il les obligea à monter dans la marque pour atteindre l'autre rive ».


 

 

De fait, le seul autre passage où apparaisse le verbe obliger dans les évangiles est la parabole des invités au festin. Le maître demande à son serviteur d'obliger les mendiants et estropiés à remplir la salle des noces (Lc 14,23).

Il n'est pas inintéressant de rapprocher ces deux seuls usages du verbe obliger dans les évangiles. Obliger les disciples à embarquer sur la mer pour traverser vers l'autre rive a quelque chose à voir avec l'obligation pour les blessés de la vie d'accepter une invitation à entrer dans la salle des noces pour le repas de mariage.

Passer sur l'autre rive et participer au repas de noces relève donc de la même obligation.

La première évoque la mort/résurrection : les eaux du lac symbolisent le mal et la mort, l'autre rive est la figure de la vie éternelle.

La deuxième évoque l'eucharistie : le repas des noces de l'agneau, auxquelles se dérobent les premiers invités (le peuple juif), finit par se remplir des païens et des « rebuts de l'humanité »  (1Co 4,13) rencontrés sur les routes de la mission chrétienne. L'eucharistie est bien cette obligation de se nourrir en cours de route vers la vie éternelle (cf. le prophète Élie : « lève-toi et mange, autrement le chemin serait trop long pour toi » 1R 19,5).

 

Mais revenons au coup de force de Jésus envers ses disciples en Mt 14,22. Les Douze n'ont aucune envie de monter dans la barque. Car ce sont des pêcheurs, des fonctionnaires et des paysans, pas des marins. Ils ont une peur bleue de l'eau (alors que le lac de Tibériade n'est qu'une petite flaque au regard de l'océan !). Le peuple d'Israël n'a jamais aimé la mer (sauf au temps du roi Salomon et de sa flotte légendaire). Elle est peuplée de monstres inquiétants comme le Léviathan. Elle est capable de tout engloutir comme au déluge. Elle se déchaîne dans des tempêtes incontrôlables, et le prophète Jonas est jeté à la mer pour calmer le vent déchaîné. Elle est le lieu des forces du mal et de la mort. D'ailleurs on voit dans notre récit que Pierre est vite effrayé dès que les vagues sont un peu formées. Piètres navigateurs, les disciples voudraient bien éviter d'embarquer avec Jésus pour une traversée du lac qui ne les rassure pas du tout !

Devant leur résistance, Jésus les oblige.


 

 

Embarquer et traverser

 

Il les oblige à deux choses :

- monter ensemble dans la barque, c'est-à-dire faire équipage. C'est faire Église. À tel point que la barque de Pierre est devenue un symbole de l'Église et de sa traversée vers l'autre rive.

- prendre le risque de la traversée, de la navigation vers ailleurs.

Plutôt que de rester là, bien au chaud autour de Jésus qui vole de succès en succès populaire, les disciples sont obligés de se séparer de lui. Ils doivent aller là où Jésus n'est pas encore.

 

Voilà donc deux éléments de notre identité chrétienne, toujours actuels : faire Église, et risquer d’aller ailleurs, là où le Christ n'est pas explicitement présent.

 

Faire Église : la tentation moderne est bien à l'inverse. Être "chrétien sans Église" est dans le droit fil de l'individualisme contemporain. Chacun bricole sa religion en remplissant son caddie au supermarché des croyances disponibles. Mais très peu acceptent d'embarquer avec d'autres pour faire équipe, pour croire en communauté et pas tout seul.

Or qui lit le nouveau testament rencontrera l'obligation salutaire du Christ à faire équipage. Et qui lit l'Ancien Testament comprendra que faire partie du peuple de Dieu (le qahal YHWH) est essentiel à l'expérience de libération. Se rassembler à la synagogue le samedi ou à l'église le dimanche est vital : celui qui se soustrait à l'obligation de l'assemblée se perd lui-même. Cette tentation est ancienne ! L'auteur de la lettre aux hébreux les avertissait déjà : « ne délaissez pas nos assemblées... » (He 10,25)

Aujourd'hui plus qu'hier, l'illusion de la liberté coupée de la communauté conduit à la solitude. L'isolement de la foi individuelle la transforme en une vague superstition ou en une construction purement subjective.

Monter dans la barque Église n'est pas facultatif.

Le nageur solitaire ne traversera pas l'océan.

 

Matthieu 8:24 

 

Le dedans vous attend dehors

 

Le deuxième volet de l'obligation du Christ est de traverser vers l'autre rive. Pierre y affrontera toutes ses peurs, et tous les fantômes qui peuplent son histoire et son inconscient. Mais sur la parole de Jésus, il osera marcher sur les eaux, il osera passer sur l'autre rive.

L'autre rive, c'est bien sûr l'au-delà de la mort, dans un futur finalement assez proche pour chacun d'entre nous.

Mais l'autre rive, c'est déjà s'aventurer hors des sentiers connus, dès maintenant. Sortir de soi est la condition pour devenir soi-même.

« Le dedans vous attend dehors » : ce très beau mot de Victor Segalen * dit bien que l'autre rive est nécessaire à la découverte de soi. Qui ne connaît pas le dehors ne connaît pas le dedans. En faisant traverser le lac, c'est à ce passage, cette Pâque, que Jésus oblige les disciples pour qu'ils découvrent enfin leur véritable identité et vocation.

« Je considère que ne peuvent être patriotes que ceux qui s'expatrient », affirme Régis Debray qui a parcouru le monde et ses idéologies à la recherche de lui-même. Et de fait, s’il vous est déjà arrivé d'aller habiter ailleurs, vous savez ce que cela veut dire. Immergé au milieu d'une autre culture, de traditions différentes, vous prenez conscience comme par un choc en retour de votre propre culture, de vos propres traditions. C'est par comparaison, par différence que la conscience de sa propre identité peut survenir, en dialoguant avec celles des autres. C'est alors une identité ouverte, en relation.

Tant que je ne suis pas passé sur l'autre rive, je ne sais pas qui je suis.

 

Matthieu insiste d'ailleurs lourdement : il s'agit d'aller ailleurs, là où le Christ n'est pas encore allé. « Jésus oblige à ses disciples à le précéder sur l'autre rive ». Il reste seul, à l'écart, pendant que ses amis rament - au sens propre comme au sens figuré - pour traverser.

Précéder le Christ : ce serait folie de prendre ce risque si l'ordre ne venait pas de Jésus en personne ! Mais c'est bien dans l’essence de la mission chrétienne.

Certes, « le Ressuscité nous précède en Galilée » (Mc 16,7), mais il nous revient également de le précéder sur les rivages où il n'est pas encore. Ces rivages aujourd'hui ne sont plus géographiques. Ils sont culturels : le monde numérique et son interconnexion, riche de promesses et de menaces ; la mondialisation capable du meilleur et du pire ; les avancées scientifiques extraordinaires qui nous attendent en matière neuronale, robotique, informatique, biologique... C'est vers cet ailleurs que le Christ nous oblige à aller.

Sortir de chez soi, géographiquement et culturellement, est la condition indispensable pour aller vers soi.

Or cela nous fait peur, comme à Pierre. C'est pourquoi Jésus est obligé de nous obliger à nous lancer sur ces chemins d'exode.

 

L'ardente obligation de la sortie de soi fait partie de notre ADN spirituel.

Chacun y consentira selon les événements : déménagements, voyages, alliances, études, amitiés...

L'essentiel est de ne jamais être quitte avec l'obligation venant du Christ : embarquer, vers l'autre rive.

 

 

 


____________________________________________________________________________

* Victor Segalen (1878-1919) est un romancier, poète, médecin, et grand voyageur : Polynésie française, Tahiti, Iles Marquises,  Chine…

 

 

 

 

1ère lecture : Le Seigneur se manifeste à Élie (1 R 19, 9a.11-13a)

Lecture du premier livre des Rois

Lorsque le prophète Élie fut arrivé à l'Horeb, la montagne de Dieu, il entra dans une caverne et y passa la nuit.
La parole du Seigneur lui fut adressée : « Sors dans la montagne et tiens-toi devant le Seigneur, car il va passer. » 
À l'approche du Seigneur, il y eut un ouragan, si fort et si violent qu'il fendait les montagnes et brisait les rochers, mais le Seigneur n'était pas dans l'ouragan ; et après l'ouragan, il y eut un tremblement de terre, mais le Seigneur n'était pas dans le tremblement de terre ; et après ce tremblement de terre, un feu, mais le Seigneur n'était pas dans ce feu ; et après ce feu, le murmure d'une brise légère.
Aussitôt qu'il l'entendit, Élie se couvrit le visage avec son manteau, il sortit et se tint à l'entrée de la caverne.

 

Psaume : Ps 84, 9ab-10, 11-12, 13-14

R/ Fais-nous voir, Seigneur, ton amour, et donne-nous ton salut.

J'écoute : Que dira le Seigneur Dieu ?
Ce qu'il dit, c'est la paix pour son peuple.
Son salut est proche de ceux qui le craignent, 
et la gloire habitera notre terre.

Amour et vérité se rencontrent, 
justice et paix s'embrassent ; 
la vérité germera de la terre 
et du ciel se penchera la justice. 

Le Seigneur donnera ses bienfaits, 
et notre terre donnera son fruit. 
La justice marchera devant lui, 
et ses pas traceront le chemin. 

 

2ème lecture : L'attachement de Paul aux privilèges d'Israël(Rm 9, 1-5)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains

Frères,
j'affirme ceci dans le Christ, car c'est la vérité, je ne mens pas, et ma conscience m'en rend témoignage dans l'Esprit Saint.
J'ai dans le cœur une grande tristesse, une douleur incessante.
Pour les Juifs, mes frères de race, je souhaiterais même être maudit, séparé du Christ : ils sont en effet les fils d'Israël, ayant pour eux l'adoption, la gloire, les alliances, la Loi, le culte, les promesses de Dieu ; ils ont les patriarches, et c'est de leur race que le Christ est né, lui qui est au-dessus de tout, Dieu béni éternellement. Amen.

 

Evangile : Jésus se manifeste aux Apôtres ; il fait marcher Pierre sur la mer (Mt 14, 22-33)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Dieu seul est mon rocher, mon salut : d'en haut, il tend la main pour me saisir, il me retire du gouffre des eaux. Alléluia. (cf. Ps 61, 3 ; 17, 17)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

 

Aussitôt après avour nourri la foule dans le désert, Jésus obligea ses disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l'autre rive, pendant qu'il renverrait les foules.
Quand il les eut renvoyées, il se rendit dans la montagne, à l'écart, pour prier. Le soir venu, il était là, seul. 
La barque était déjà à une bonne distance de la terre, elle était battue par les vagues, car le vent était contraire.

Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer.
En le voyant marcher sur la mer, les disciples furent bouleversés. Ils disaient : « C'est un fantôme », et la peur leur fit pousser des cris.
Mais aussitôt Jésus leur parla : « Confiance ! c'est moi ; n'ayez pas peur ! »
Pierre prit alors la parole : « Seigneur, si c'est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur l'eau. »
Jésus lui dit : « Viens ! » Pierre descendit de la barque et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus.
Mais, voyant qu'il y avait du vent, il eut peur ; et, comme il commençait à enfoncer, il cria : « Seigneur, sauve-moi ! »
Aussitôt Jésus étendit la main, le saisit et lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? »
Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba.
Alors ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui, et ils lui dirent : « Vraiment, tu es le Fils de Dieu ! »
Patrick BRAUD

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Published by L'homélie du dimanche
1 août 2014 5 01 /08 /août /2014 00:01
2, 5, 7, 12 : les nombres au service de l'eucharistie

 

Homélie du XVIII° dimanche du temps ordinaire / Année A
03/08/2014

 

 

Après le rite juif du repas pascal (le Seder Pessah), les enfants autour de la table entonnent quelques comptines liées à la fête. Et notamment ce curieux « chant des nombres » qui est à lui seul une belle catéchèse sur la symbolique des nombres : 


E'HOD MI YODEA - CHANT DES NOMBRES

« Un, je sais ce qui est un.
Unique est notre Dieu, Lui qui vit et Lui qui plane sur la terre et dans les cieux.

Deux, voilà qui est plus ; je sais ce qui est deux : deux, ce sont les Tables de la Loi.

Unique est notre Dieu...

Treize, voilà qui est plus ; je sais ce qui est treize.
Treize, ce sont les attributs (divins) ;
douze, les tribus d'Israël;
onze, les songes (de Joseph);
dix, les Commandements;
neuf, les mois de la grossesse;
huit, la circoncision;
sept, la célébration du Shabbat;
six, les ordres de la Michna ;
cinq, les Livres de la Thora;
quatre, les Mères ;
trois, les Patriarches;
deux, les Tables de la Loi.

Unique est notre Dieu, Lui qui vit et Lui qui plane sur la terre et dans les cieux. »

 

On le voit : tout est symbolique dans le repas pascal juif, et l'eucharistie chrétienne assume pleinement cette symbolique. Les aliments (œuf dur, os d’agneau grillé, herbes amères...), les vêtements (talith...), la lumière (la menorrah), les quatre questions de quatre enfants : tout renvoie à une lecture de l'histoire autre qu'un récit journalistique.

Le chant des nombres s'inscrit dans cette interprétation du monde où les nombres ne sont pas là par hasard, mais pour nous aider à déchiffrer l'événement raconté.


 

 

La première multiplication : 5,7 et 12

 

Le nombre 5

Il en est bien ainsi dans cette première version de la multiplication des pains en Mt 14,13-21. Les nombres qui y sont placés ont un sens. Les 5000 hommes présents ne sont pas comptés à la manière de la préfecture de police ni des manifestants lors d'une même protestation populaire ! Ils renvoient à la signification du nombre 5, multiplié par 1000 (donc étendu à tous). D'après nos enfants du Seder Pessah, il s'agit d'une foule de la Torah (les cinq livres du Pentateuque), essentiellement juive donc. Cela est confirmé par les 5 pains dont disposent les disciples (et non un jeune garçon comme en Mc). Les rompre, c'est ouvrir ces 5 livres, les travailler, les étudier, les interpréter *. Les distribuer à la foule, c'est nourrir le peuple juif d'une interprétation renouvelée de la Torah, où le commandement de l'amour accomplit toute la Loi. La foule n'a pas besoin de s'en aller ailleurs : elle a dans l'Écriture tout ce qu'il lui faut pour nourrir sa faim de vivre et de chercher Dieu.

 

 

 

Le nombre 2

Et les 2 poissons ? Pourquoi sont-ils mentionnés, alors que le texte semble indiquer qu'ils ne sont pas distribués en nourriture avec les cinq pains ? (ils sont pourtant « eucharistiés » : Jésus prononce la bénédiction juive et rituelle sur eux ensemble)

 

D'après la comptine chantée par les enfants à Pâques, 2 est le nombre des tables de la Toi. Mais ce serait alors une symbolique redondante avec les 5 pains. Saint Augustin, le nombre 2 désigne le couple prêtre / roi qui recevaient l'onction pour gouverner le peuple. Les 2 poissons renvoient alors pour lui à la personne du Christ, l’Oint de Dieu chargé de conduire l'Église. Mais, problème : il manque le prophète, qui lui aussi reçoit l'onction de Dieu.

Pour Saint Ambroise de Milan, les 2 poissons renverraient aux 2 Testaments, destinés à devenir l'unique nourriture du nouvel Israël. Mais, problème : ces deux poissons ne sont justement pas distribués en nourriture...

 

Il faut sans doute interpréter ensemble le symbolisme du nombre 2 et celui des poissons à qui il est associé ici.

On a retrouvé des poissons dessinés, gravés et peints sur les murs des catacombes chrétiennes des premiers siècles. C'était un signe de reconnaissance et de ralliement en période de persécutions romaines. Car le mot poisson (ictus en grec) est l'acronyme désignant la véritable identité de Jésus. Iesus Christos Theo Uïos Sôter = Jésus Christ fils de Dieu Sauveur. Le poisson cache donc l'affirmation nouvelle de la foi chrétienne : Jésus est vraiment Dieu et vraiment homme, deux  natures réunies en une seule personne. Les 2 poissons visent sans doute cette affirmation christologie si centrale - et si dangereuse - au moment où Mathieu écrit son évangile (70-90). On n'est pas loin de l'interprétation de Saint Augustin, mais c'est l'union du divin et de l'humain en Jésus qui est en jeu plus que celle du roi et du prêtre.

Ajoutons que dans la tradition juive, il faut toujours au moins 2 témoins pour que leurs témoignages soient pris en compte au tribunal. Les 2 poissons attestent que Jésus de Nazareth est vraiment le Christ attendu par Israël, annoncé par l'Écriture, qui conduit l'Église à travers le désert en la nourrissant de la Parole de Dieu partagée à tous.

 

Le nombre 7

Au passage se profile le nombre 7 : 5 pains + 2 poissons. La comptine pascale l'associe à juste titre au shabbat. Ce premier récit de la multiplication des pains s'adresse donc à Israël : nulle volonté ici d'abolir le shabbat. Au contraire, Jésus veut lui donner tout son sens. Les premiers chrétiens annonçaient l'Évangile en se servant du réseau des synagogues tout autour de la Méditerranée, et donc en respectant le shabbat, en profitant de la liturgie du samedi à la synagogue pour commenter les Écritures à la lumière de la Pâque du Christ.

Ce n'est qu'après la séparation violente d’avec la synagogue (vers 90) que le dimanche chrétien (le jour du Seigneur) supplantera le shabbat, sans pour autant en perdre le sens du repos et de l'Alliance qu'il véhicule.

En Mt 14, le respect du shabbat est bien en filigrane des premières assemblées judéo-chrétiennes (les adventistes « du septième jour » s'inscrivent dans cette tradition).

 

 

Le nombre 12

« On ramassa 12 paniers ».

Impossible de ne pas y voir le symbole des 12 apôtres, eux-mêmes prolongeant et accomplissant les 12 tribus d'Israël (cf. les 12 portes de la Jérusalem céleste dans l'Apocalypse). C’est donc la plénitude de l'Église, « l'Israël de Dieu », que visent ces 12 paniers. Toute l'Église est nourrie en plénitude du pain partagé par Jésus : ici le premier Testament, bientôt le pain eucharistique qui y sera associé.

Comme 5 + 7 = 12, on voit que l'on retrouve ce que l'on évoquait précédemment : l'Écriture partagée lors du shabbat nourrit l'Église judéo-chrétienne et lui permet de traverser ses déserts.

 

 

 

La seconde multiplication : 3, 4 et 7

Le symbolisme des nombres permet d'interpréter le deuxième récit de multiplication des pains comme s'adressant cette fois-ci aux non-juifs (Mt 15,32‑39).

4000 hommes sont nourris et il reste 7 paniers (au lieu de 5000 et 12). On ne sait pas combien il y a de poissons ; par contre on sait que la foule jeûne depuis 3 jours. Le nombre 3 renvoie ici aux 3 jours du Christ au tombeau : la foule est associée à la Passion et la Résurrection de Jésus en jeûnant symboliquement 3 jours avec lui. Nul doute qu'il y ait ici un écho du cheminement catéchuménal des baptisés adultes  venant du paganisme au moment où Mathieu écrit. Les 4000 hommes évoquent alors la totalité de l'humanité nourrie par l'eucharistie (4 = les quatre points cardinaux = l'univers entier). Les 7 paniers ne renvoient plus aux tribus d'Israël, mais à tous les peuples de la terre créée lors des 7 jours symboliques de la Genèse.

Ce second récit est donc une catéchèse eucharistique et ecclésiale pour les païens, alors que le premier l'était pour les juifs.

 

Les deux multiplications superposées

Nous sommes 2000 ans après l'événement. Nous gardons la mémoire de ces deux catéchèses. Et nous pouvons légitimement les superposer en une seule pour aujourd'hui : l'Église se situe bien dans le prolongement d'Israël, dont elle n'abolit pas la vocation, mais cherche à l'accomplir pour toutes les nations.

Ainsi le premier but de nos assemblées est de rompre le pain de la Parole de Dieu telle que les deux Testaments donnent à la ruminer. Tous doivent y avoir accès : c'est la responsabilité des apôtres. L'eucharistie est indissolublement le lieu où la Parole se multiplie en la partageant, et où le pain eucharistique nourrit la faim  spirituelle des chercheurs de Dieu actuels. « Dum dividetur, augetur » commentait Saint Augustin : lorsqu'il est partagé, le pain (de la parole, de l'eucharistie) augmente.

Il y a donc 2 tables (encore 2 !) à l'eucharistie : la table où l'Écriture se fait Parole, et la table où le corps du Christ est rompu et distribué. L'ambon et l'autel sont inséparables. À tel point que Vatican II a réaffirmé solennellement cette doctrine des deux tables que nous avions un peu oubliée dans le monde catholique :

 

« L'Église a toujours vénéré les divines Écritures, comme elle l'a toujours fait aussi pour le Corps même du Seigneur, elle qui ne cesse pas, surtout dans la sainte liturgie, de prendre le pain de vie sur la table de la parole de Dieu et sur celle du Corps du Christ, pour l'offrir aux fidèles. »
Concile Vatican II, Dei Verbum 21 (cf. SL 48 ;51 ;56).

 

La parole et le corps / le corps et la parole : ne séparons pas dans nos assemblées ce que Dieu a uni en Jésus-Christ, comme l'atteste les deux multiplications des pains dans l'évangile de Mathieu.

 


_________________________________________________________________    

Les 5 maris de la Samaritaine (Jn 4,18) peuvent renvoyer à ces 5 livres de la Loi, les seuls livres que les samaritains ont conservés. On pense également aux 5 vierges sages (Mt 25,2) ou aux 5 mois du mal causé par les criquets (Ap 9,10). Ou encore aux 5 portiques de Bethesda (Jn 5,8), ou aux 5 mois où Elizabeth se tient cachée (Lc 1,24) etc. 

 

 

 

 

1ère lecture : Dieu nourrit son peuple (Is 55, 1-3)

Lecture du livre d'Isaïe

Vous tous qui avez soif, venez, voici de l'eau ! Même si vous n'avez pas d'argent, venez acheter et consommer, venez acheter du vin et du lait sans argent et sans rien payer.
Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ? Écoutez-moi donc : mangez de bonnes choses, régalez-vous de viandes savoureuses !
Prêtez l'oreille ! Venez à moi ! Écoutez, et vous vivrez. Je ferai avec vous une Alliance éternelle, qui confirmera ma bienveillance envers David.

 

Psaume : Ps 144, 8-9, 15-16, 17-18

R/ Tu ouvres la main : nous voici rassasiés.

Le Seigneur est tendresse et pitié, 
lent à la colère et plein d'amour ;
la bonté du Seigneur est pour tous, 
sa tendresse, pour toutes ses œuvres.

Les yeux sur toi, tous, ils espèrent : 
tu leur donnes la nourriture au temps voulu ;
tu ouvres ta main : 
tu rassasies avec bonté tout ce qui vit.

Le Seigneur est juste en toutes ses voies, 
fidèle en tout ce qu'il fait.
Il est proche de ceux qui l'invoquent, 
de tous ceux qui l'invoquent en vérité.

 

2ème lecture : Rien ne peut nous séparer de l'amour du Christ(Rm 8, 35.37-39)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains

Frères,
qui pourra nous séparer de l'amour du Christ ? la détresse ? l'angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le supplice ?
Non, car en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés.
J'en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les esprits ni les puissances, ni le présent ni l'avenir, ni les astres, ni les cieux, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu qui est en Jésus Christ notre Seigneur.

 

Evangile : Jésus nourrit la foule (Mt 14, 13-21)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Le Seigneur a nourri son peuple au désert, il l'a rassasié du pain du ciel. Alléluia. (cf. Ps 77, 24)


Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Jésus partit en barque pour un endroit désert, à l'écart. Les foules l'apprirent et, quittant leurs villes, elles suivirent à pied.
En débarquant, il vit une grande foule de gens ; il fut saisi de pitié envers eux et guérit les infirmes.
Le soir venu, les disciples s'approchèrent et lui dirent : « L'endroit est désert et il se fait tard. Renvoie donc la foule : qu'ils aillent dans les villages s'acheter à manger ! »
Mais Jésus leur dit : « Ils n'ont pas besoin de s'en aller. Donnez-leur vous-mêmes à manger. »
Alors ils lui disent : « Nous n'avons là que cinq pains et deux poissons. »
Jésus dit : « Apportez-les moi ici. »
Puis, ordonnant à la foule de s'asseoir sur l'herbe, il prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction ; il rompit les pains, il les donna aux disciples, et les disciples les donnèrent à la foule.
Tous mangèrent à leur faim et, des morceaux qui restaient, on ramassa douze paniers pleins.
Ceux qui avaient mangé étaient environ cinq mille, sans compter les femmes et les enfants.
Patrick BRAUD

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Published by L'homélie du dimanche

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